Rappelons ce qui avait motivé notre précédente chronique Croyance et opium du peuple (première partie) :
Il y a quelques temps un député européen belge faisait ce commentaire :
"En Europe, depuis les Lumières, le combat pour le libre-examen, pour la reconnaissance d’un être humain capable de penser par lui-même, a été un combat difficile contre le pouvoir des Eglises chrétiennes. Ce combat de la laïcité devait être mené. Mais je pense que c’est allé trop loin. A gauche, on en est arrivé à assimiler la religion à l’opium du peuple, sans nuance. Avec condescendance, on considère les croyants comme des arriérés, des enfants qui se débarrasseront des oripeaux de la vie spirituelle une fois qu’ils deviendront adultes. On arrive peut-être à un moment où l’Europe est mûre pour vivre bien dans ses baskets à la fois le chemin spirituel et le libre-examen…[1]"
Clash en direct sur CNews quand un prêtre...
« Moi je pense que les catholiques qui ont la vraie foi chrétienne disent que l'IVG est un crime. Ça ne me choque pas. Ce n'est pas dangereux, ce n'est pas du fascisme qu'on impose aux autres. Une femme qui va pratiquer l'IVG ne va pas se sentir criminelle sous prétexte que les croyants la condamnent» estimait Hélène Pichilowski[2] dans un débat[3] sur Cnews.
"Nous trouvons important que l'avortement reste un délit" commente l'évêque de Liège [Jean-Pierre Delville], "parce que c'est quand même aussi malgré tout une atteinte à une vie humaine. Et dans le respect de la vie humaine, c'est important de ne pas permettre n'importe quoi. Mais en même temps il faut aussi comprendre qu'il y a des situations concrètes et difficiles à vivre, et que le législateur doit aussi les régler. Au niveau de la doctrine des choses c'est important d'être fidèle à la notion du respect de la vie"[4].
- Délit : Infraction punie de peine correctionnelle (par opposition à la contravention et au crime).
- Crime : Infraction que la loi punit d'une peine de réclusion ou de détention comprise entre 10 ans et la perpétuité (par opposition à contravention et à délit).
Sans doute des définitions du droit pénal français… mais pas très éloignées de celles que l’on retrouverait en droit belge.
L’usage des mots, pour ceux qui en ont l’habitude, n’est jamais anodin. Crimes et délits sont des notions précises et en user pour défendre une position religieuse est diablement choquant. Que les hommes de religion traitent du péché véniel ou mortel de leurs affiliés, que l’absolution soit donnée ou non est une affaire de confession et est leur droit. Mais « bas les pattes »… restez en dehors de la loi… : ce n’est pas à vous de décider des crimes et des châtiments.
Personne n’oblige une paroissienne… à pécher
Mais foin de diatribes, au bout de trois chroniques, n’en ai-je pas assez de plomber l’ambiance, de me moquer des croyants ?
Sont-ce des croyants ou des grenouilles de bénitier ? Des suiveurs, des partisans, incapables de réfléchir par eux-mêmes ? De ceux qui ne veulent pour le monde qu’un seul modèle ? Pour qui la femme est soumise ? Pour qui les homosexuels sont la perversion ultime ? Pour un Georges Lemaître, combien d’imbéciles ? Il faut être lucide, combien d’arriérés qui usent de ses prêt-à-penser ?
Tous les croyants ne sont pas des crétins. Tous les croyants ne sont pas des Tartuffes. Et tous les Tartuffes et tous les crétins ne sont pas croyants. Mais les religions ne facilitent guère l’émancipation de la pensée. Plus encore peut-être que certaines doctrines politiques qui ne bénéficient sans doute pas de l’aura des lieux de culte, du poids cultuel et culturel des religions établies.
Cependant, pour élargir le débat, englobons dans notre réflexion, tout ce qui conduit à créer des partisans (du fidèle au consommateur) plutôt que des citoyens.
[1] http://www.lalibre.be/actu/politique-belge/pour-philippe-lamberts-le-combat-de-la-laicite-est-alle-trop-loin-58b9b29fcd708ea6c0f674cd