Prototype of an Atom 0.3 feed based on http://www.mnot.net/drafts/draft-nottingham-atom-format-02.html. This feed may change, use at your own risk.
S’identifier ! Le terme avait alors soulevé quelque inquiétude. S’il y a confusion, il s’agit en partie d’un problème d’acception des mots. Nous entendons par identification, l’idée que nous soyons d’un lieu qui nous donne l’envie de nous impliquer, par affinité ou enracinement. L’identification favorise l’action d’autant plus facilement que cette dernière porte sur des éléments concrets qui nous touchent directement ou dont les résultats sont bien visibles. L’identification combat à notre sens l’indifférence diffuse que beaucoup portent à leur lieu de vie ou du moins à leur lieu de sommeil : éloignement du travail et urbanisme de repli y contribuent. . Il y a bien entendu des personnes pour lesquelles l’identification à un lieu n’est pas nécessaire à leur engagement, mais c’est alors bien souvent que l’âme militante porte son regard sur l’horizon facile à repeindre en idées au lieu d’empoigner le pinceau à portée de main. Combien de temps perdu en débats généralistes sur l’avenir du monde alors qu’il faudrait s’ateller à comprendre la complexité parfois ingrate de l’agir local ?
L’identité, dans son acception dévoyée, au sens trivial de « moi, d’abord, les étrangers ensuite» n’a rien à voir avec cette démarche. Même si nous ne pouvons exclure que certains puissent être tentés, dans leur investissement pour la cité, de penser uniquement à elle et à ses ressortissants.
De là découlent pour quelques-uns une sorte d’antagonisme entre le local et le global : penser local induirait directement une forme d’égoïsme. N’y a-t-il pas là un rapport abusif, voire contre-productif ? Sortir à tout bout de champs le slogan « penser global, agir local » est à notre sens inutile quand la démarche au niveau local s’inscrit dans un patron positif. A tout le moins est-il utile de veiller à ce que le penser en rond n’inhibe pas l’agir local.
Le réseau des « Villes en transition », qui a pour but de permettre une transition écologique et la création de territoires résilients, ne se fonde-t-il pas sur les dits territoires pour développer ses actions propres ? Pourquoi d’emblée se gargariser de théories déconnectées en se référant perpétuellement à un univers bien abstrait pour nos concitoyens ? Par contre, l’action elle, devrait être source d’interrogations pratiques qui, à certains moments, pourraient être utilement éclairées par un brin de théorie. Celle-ci ne tomberait pas du ciel mais serait induite par un besoin concret.
En effet, si nous voulons que chacun consente à ces changements et y participe, il faut démontrer l’intérêt de les faire et créer les conditions nécessaires. Nous estimons, et sans doute reviendrons-nous sur le sujet dans d’autres chroniques, qu’une large collaboration et une convivialité cultivée sont les socles sur lesquels se construiront les nouvelles pratiques.
Cela passe par une réanimation de l’idée de « politique » telle que définie par Murray Bookchin : « Avant la formation de l'État-nation, la politique avait un sens différent de celui d'aujourd'hui. Elle signifiait la gestion des affaires publiques par la population au niveau communautaire ; des affaires publiques qui ne sont qu'ensuite devenues le domaine exclusif des politiciens et des bureaucrates. La population gérait la chose publique dans des assemblées citoyennes directes, en face-à-face, et élisait des conseils qui exécutaient les décisions politiques formulées dans ces assemblées. Celles-ci contrôlaient de près le fonctionnement de ces conseils, en révoquant les délégués dont l'action était l'objet de la désapprobation publique.[1] » Avec l’idée que ce type de fonctionnement est parfaitement compatible avec la délégation de pouvoir proposée par le système démocratique actuel. Moyennant quelques ajustements.
Elle encombre autant nos esprits que nos routes. Elle se réinvite perpétuellement dans nos vies. Pour preuve, la quotidienne litanie des temps d’attente au carrefour Léonard ou le ring obstrué par la convergence de toutes nos libertés individuelles.
La timide gestion de la place de l’automobile par les pouvoirs publics est une source de tension sociale. Riverains aphyxiés, diminution de l’espérance de vie, 4 morts par jour sur les routes belges, architecture urbaine morcelée et tributaire de chaussées dessinées pour l’auto. Pas question pour autant de toucher à la voiture de société !
Alors comment ne pas tourner en rond ? Comment articuler liberté individuelle et bien-être collectif ?
D’abord en ne limitant pas les débats. Ainsi celui entre l’utilisation du diesel et de l’essence[i]. Débat finalement aussi médiatisé que contingenté : on a l’impression que le choix se fait entre la peste et le choléra. Surtout, si l’on considère en plus l’impact sur le climat par la production de gaz à effets de serre. Certains ont même considéré que cette « campagne » pour l’essence était finalement fallacieusement amenée, parce qu’en fait, il s’agissait de répondre à des problèmes de capacités de raffinage : ramener la proportion entre essence et diesel à un niveau calqué sur celui de la production industrielle[ii].
Pourquoi ne pas élargir le champ de discussions qui portent rarement sur le coût du changement pour passer du diesel à l’essence ? Considérons aussi l’énergie grise nécessaire pour produire tous ces nouveaux véhicules, tout en sachant que les anciens continueront à tourner. Sans insister non plus sur le fait que les nouveaux véhicules sont généralement plus grands, plus puissants que les précédents.
Et les discussions portent encore plus rarement sur le type de véhicule et sur l’opportunité de son choix . Tout à l’électrique prôneraient certains, alors que nous devrions réaliser qu’avancer dans cette direction ne peut se faire qu’avec précaution[iii]. Ce serait pourtant l’occasion de changer notre manière de voir. Ainsi en 2014, naît l’idée de la LISA Car[iv] : light and safe car, voiture légère et sûre. En lançant ce nouveau concept, la Fédération Inter-Environnement Wallonie (IEW) et l’association Parents d’enfants victimes de la route (PEVR) avaient pour objectif de sensibiliser le monde politique à la nécessité de limiter certaines caractéristiques fondamentales des voitures pour en réduire l’impact sur la sécurité routière et sur l’environnement[v].
On en est loin , les constructeurs réinventent par la publicité de nouveaux désirs et créent de nouvelles paranoïas. Ainsi la nouvelle pub Mitsubishi : « La Belgique compte près de 62.700 km de routes dans un piteux état avec d’innombrables nids de poule, crevasses et affaissements. Cela coûte chaque année très cher à l’automobiliste belge. Heureusement, Mitsubishi construit de robustes SUV qui résistent à toutes les épreuves. Même les routes belges ». Ou comment vendre un SUV à ceux qui n’en n’ont pas besoin. Mais dans un monde incertain et perçu comme dangereux , l’idée d’une lourde coque de protection supplémentaire semble séduire si l’on en croit les ventes.
On pourrait en rire mais il y a dans cette confrontation entre désirs individuels de liberté, savamment entretenus, et souhait de protection environnementale et sociale un affrontement tragique qu’il faudrait dénouer. D’abord en liant les problèmes et en les expliquant même s’il est fatigant de lire et de réfléchir. Ensuite en prenant des mesures publiques contraignantes : si la pub Mitsubishi devait être taxée à hauteur des dégâts sociaux et environnementaux qu’elle engendre, pas sûr qu’on la reverrait. De plus, elle désigne aussi l’ennemi : les pouvoirs publics qui laissent nos routes à l’abandon (ce qui est faux lorsqu’on voit les sommes investies) alors qu’on taxe tant nos carburants et nos SUV…
Que le pouvoir public retrouve sa dignité en veillant avec détermination et équité à l’intérêt collectif. Cela suppose sans doute une plus forte intervention dans les normes imposées, mais aussi une réelle déconstruction du mythe de la voiture dans notre culture. Cela passe par l’éducation, mais aussi par des mesures concrètes, comme l’interdiction de la publicité non informative pour les véhicules, à l’instar de ce qui se fait pour les cigarettes.
Il est temps d’agir pour qu’on puisse encore rouler comme dans les pubs, dans des horizons élargis, oxygénés et lumineux.
Post-Scriptum en complément: L’utilisation de la voiture a un coût environnemental. Sa présence constante a eu d’énormes conséquences en termes d’aménagement et de fonctionnement de nos sociétés. La place qui lui est accordée, particulièrement dans l’espace publique est totalement disproportionnée. Elle a conduit à des erreurs fondamentales d’organisation tant spatiale que sociale dont nous payons déjà les conséquences, qui vont du grignotage du territoire à la persistance ou au renforcement des comportements agressifs ou machistes[vi]
[iii] Mais penser que nous pouvons procéder à l’électrification rapide de véhicules qui conserveraient les mêmes caractéristiques de nombre, de masse et de puissance, en conservant une mobilité en voiture équivalente à celle que nous avons maintenant (15.000 km par an et par voiture pour les véhicules particuliers), est par contre une ’solution’ qui au mieux ne fait que déplacer le problème initial, sans le résoudre, et au pire le renforce, parce que nous ne préparons pas notre société industrielle à une baisse des flux pourtant difficilement évitable, pensant que la technique arrivera à temps pour résoudre le problème.
[iv] Le Sénat recommande d’investir massivement dans le développement des alternatives comme :[..] les voitures plus légères, moins puissantes, moins agressives et meilleures pour l’environnement et la sécurité routière, comme la LISA Car (Light and Safe Car)...
Ainsi donc, il est possible de déraper. Il est possible que nos mots dépassent nos pensées (ou pas). Il est possible que nos plaisanteries soient mal comprises, ou blessent ceux à qui elles ne s’adressent pas. Dernièrement, une photo où l’on voit Emmanuel Macron, les mains bien à plat, les doigts bien écartés, et légendée « Le vernis n’est pas encore sec » a valu à son auteur ou à ses partageurs la qualification d’homophobe. Sans doute ne pouvons-nous comprendre, parce que nous sommes hétéros, nous dit-on. Ainsi donc, là où auparavant on voyait sarcasme persifleur ad hominem, on voit désormais atteinte à une catégorie sociale.
Se pose cette éternelle première question : « Pouvons-nous parler des choses qui ne nous toucheraient pas directement ? » Et cette seconde éternelle question : « Qu’est-ce qui est acceptable en termes d’humour ? »
En fait, mon cousin et moi n’avons aucune idée d’une quelconque réponse qui pourrait être formulée à ces deux questions. Même si…
Même s’il est possible de parler, avec assurance et précision, des maladies mentales sans en être atteint, des enfants sans en avoir, du racisme sans en faire l’objet. Parce que ne pas pouvoir en parler nierait notre capacité d’empathie, d’observation et d’analyse. Faut-il avoir reçu une pomme sur la tête pour être touché par les théories de Newton et bien les comprendre ?
Se nourrissant de cette pseudo-impossibilité de parler de certaines choses, certains revendiquent même le droit de vous interdire de discourir sur le sujet[1]. Il ne serait pas acceptable par exemple de « spectaculer » sur l’esclavage si vous n’êtes pas afro-américain.
« Puisque le spectacle [finalement annulé] de Betty Bonifassi et Robert Lepage est basé, si j'ai bien compris, sur plusieurs formes d'esclavage, dont l'esclavage de Blancs, en faisant le pont vers l'esclavage noir avec l'usage des chants des esclaves noirs, n'est-ce pas légitime que les comédiens soient à la fois des Noirs et des Blancs? Où est le problème? »
Il serait indécent de vouloir en tirer « quelques profits d’artiste », parce que vous êtes blanc par exemple. Il s’agirait d’une appropriation culturelle répréhensible, même s’il n’y eut pas que des esclaves noirs sur cette terre, même si l’on a vu des roitelets africains, des marchands arabes et d’antiques Romains participer à la traite.
Faut-il ajouter que cette étroitesse mentale se base sur le principe d’une indispensable appartenance qui, finalement, contribue à renforcer les barrières que ses promoteurs zélés sont supposés vouloir faire tomber ? Car enfin, dénoncer un Père fouettard noirci au cirage ne donne-t-il pas du grain à moudre à un libertarisme excédé par les contraintes morales qui pleuvent de toutes les nouvelles catégories modernes ? Dans la foulée, mais tout à l’opposé, ne pourrait-on voir certains supprémacistes blancs s’offusquer de cette chicote offerte à un noir Père fouettard pour battre des enfants de toutes les couleurs ?
Sans un brin de distance et d’humanisme on peut faire pis que bien et renforcer les pulsions négatives qu’on croit combattre en les projetant systématiquement sur un ennemi largement fantasmé. Qui fait l’ange fait la bête , disait l’autre. Parce qu’au fond, quel est le moteur de ces dénonciations plutôt sectaires ? La bienveillance ou un besoin impérieux de dénoncer pour s’offrir une virginité à bon compte ?
La question sur l’humour est quant à elle aussi complexe. De ceux qui se plaignent que l’on ne peut plus rien dire (honnêtement ou pour couvrir une haine de l’autre) à ceux qui considèrent que la parole doit toujours être correcte, y a-t-il de la place pour les autres ?
Du président qui doit laisser son vernis sécher au journaliste qu’ « il faut abattre », phrase extraite d’un échange sur Facebook se voulant sans doute comique, il y a là autant de limites à l’humour que d’aucuns estimeront dépassées. Mais sur quelle base ?
Nous pouvons bien entendu citer Desproges : «Je crois qu’on a le droit de rire de tout. Mais rire avec tout le monde, ça, peut-être pas. […] Le rire est un exutoire et je ne comprends pas qu’on dise qu’il ne faut pas rire de ce qui fait mal. Ça fait moins mal quand on en a ri. A la fin de l’été, quelqu’un que j’aimais énormément est mort d’un cancer. Mais le cancer, comme Yves Montand, c’est des choses dont il faut rire. Moi quand je parle de cancer, je parle de mes proches, pas des proches d’autrui.[2]»
Embrayons avec Frantz Durupt « On peut rire de tout, mais on peut aussi arrêter de citer Desproges n'importe comment [3]» en abordant dans son article l’idée du pacte humoristique.
« Qu’est-ce qui différencie donc Pierre Desproges des autres, ceux pour qui faire de l’humour peut se limiter à réciter des points de vue racistes ? Avant tout, un «pacte humoristique», disent Paillet et Leca: «Pierre Desproges s’est construit un ethos, une manière d’être, qui est un contre-ethos : il présente une personnalité détestable», explique ainsi la première. Il n’a jamais rompu ce pacte, contrairement par exemple à un Dieudonné, qui a fini par inviter le négationniste Robert Faurisson sur une scène. «On peut rire de tout à partir du moment où on s’est bien positionné, quand on a bien réussi à nouer ce pacte humoristique», dit aussi Florence Leca, en rappelant que Pierre Desproges, qui considérait que son premier travail était d’écrire et que le reste était du «service après-vente», «adaptait son humour à chaque média» : radio, télévision, scène, édition… Sur Twitter, où les débats sur l’humour resurgissent régulièrement, ce pacte humoristique est très compliqué à établir, d’où la nécessité pour certaines personnes de préciser qu’elles font du «second degré»… ou d’insulter les gens qui n’ont pas su saisir leur finesse. Qu’aurait fait Pierre Desproges de Twitter ? On a du mal à l’imaginer. »
Le problème est sans doute que tous les humoristes ne signent pas ce pacte, et encore moins les commentateurs qui pullulent sur les réseaux sociaux. Pour les mêmes mots, nous passons de l’humour de l’un à la haine de l’autre. Pour certains, l’incompréhension d’un second degré rend impossible une prise de distance par rapport à un discours. Ou à l’inverse, le revendiquer cache une volonté réelle de nuire.
Alors que faire ? De la rigueur au moindre doute ? C’est vrai qu’entre un vernis mal séché et un appel à l’élimination, il y a sans (aucun) doute une différence…Du coquin courant d’air au revolver, c’est affaire de contexte, de mots, d’intention et d’empathie minimale avec la cible.
Barkas et son cousin.
[1] https://quebec.huffingtonpost.ca/sophie-pascal/l-annulation-du-spectacle-slav-une-capitulation_a_23476505/?guccounter=1&guce_referrer_us=aHR0cHM6Ly93d3cuZ29vZ2xlLmNvbS8&guce_referrer_cs=VDs8C_Pyw42A0a9bL8naVA
Simplifions-nous la vie. Partons du principe que le mouvement des gilets jaunes est un thermomètre. Il ne dit cependant pas clairement ce qui fait chauffer la marmite : revenus et impôts de plus en plus contrastés, campagnes délaissées, manques de sens ? Un élément cependant aussi patent qu’inquiétant : la perte de lien, cette rupture, non seulement entre des citoyens et des élus, mais aussi entre citoyens eux-mêmes. Perte de lien qui flirte avec le paradoxe : les écrans qui nous éloignent physiquement les uns des autres, nous permettent de nous relier rapidement, dans notre petite sphère virtuelle, pour aller bloquer un centre commercial ou une autoroute. Actions rapides, émotions qui submergent souvent la raison, entre soi et absence de débat sur le fond.
Les enjeux peuvent être diversement appréciés comme les solutions à y apporter. Toutefois, comment pourrait-on éviter l’indispensable mise en contexte ? En toile de fond, un climat qui se réchauffe, une course aveugle au profit, des déchets et des rejets souvent négligés, des ressources qui se raréfient. Pour changer la donne, le temps est plutôt aux actes forts qu’aux mesures cosmétiques. Et peut-on, sauf à rêver de dictature éclairée, poser des actes forts sans qu’il y ait de cohésion sociale pour les porter ? Il faut donc recréer du lien.
La commune est le premier lieu où cela pourrait se faire.. Il ressort en effet d’une enquête sur la perception qu’a le citoyen des villes et communes, réalisée par l’Union des Villes et Communes de Wallonie en 2017, que les Wallons apprécient leur commune et qu’un grand nombre (plus d’un sur quatre) sont prêts à s’investir dans la vie communale[1]. Il est possible à ce niveau-là de créer une véritable participation des citoyens à la vie de la cité en faisant de la « politique », au sens originel du terme, celui d’un corps citoyen actif gérant lui-même ses affaires.
« Comment la démocratie participative peut-elle féconder de ses idées la démocratie représentative?». C’est la question que se pose l’Union des villes et des communes wallonnes sur son site. Elle propose d’ailleurs un guide de bonnes pratiques sur le sujet. La démocratie participative est un des médicaments au mal – être actuel : nous en sommes convaincus. Bien sûr, cela suppose un peu de lâcher-prise chez les élus : accepter de partager idées, enjeux et contingences. Mais ne pourraient-ils pas trouver dans cette méthode de gouvernance pas mal de fierté démocrate et de légitimité élargie ? A la clef, ne pourrait-on aussi voir émerger un corps social plus resserré et prêt à affronter les défis ?
La récente rupture d’une canalisation d’eau dans une commune du Brabant wallon nous a donné un aperçu des difficultés à gérer une crise locale dans le contexte encore trouble d’une sortie d’élections. Critiques parfois faciles à l’égard des autorités et démarches de solidarité se sont côtoyées. Pourquoi ne pas faire évoluer, pour mieux affronter les crises à venir et raviver la démocratie, les rôles respectifs des citoyens et des autorités ? La participation renforcée ne pourrait –elle être le ferment d’une meilleure cohésion sociale ?
Le collectif Calvin & Hobbes
Post-scriptum : un exemple historique.
1989. Chute du Mur de Berlin. Deux ans plus tard, effondrement du bloc soviétique. Cuba perd alors son principal fournisseur de pétrole, de matériel agricole, d’engrais chimiques et autres pesticides. Avec la disparition de l’URSS et des anciens pays de l’Est, qui achetaient ses produits à prix constants, l’île perd aussi des marchés juteux, notamment celui du sucre, dont elle exportait 85% de sa production. Tous les ingrédients sont réunis pour que le pays plonge dans le chaos. […] Nécessité fait loi. Afin de satisfaire ses besoins alimentaires, la population se lance dans la culture de fruits et légumes[2].
Beaucoup prétendent que cette transition a réussi, mais nombreux sont ceux qui pensent que (seul)un régime autocratique a pu « favoriser » cette marche forcée. La plus part d’entre nous s’accorde sur le fait qu’une dictature n’est pas souhaitable. Il faut donc que nous prenions les devants. Les toutes prochaines années seront primordiales, mais qui de nos élus en sont réellement convaincus.
Le machisme a été et est encore parfois bien prégnant dans la vie politique communale, théâtre de combats de coq et de saillies paternalistes. Il a toujours été difficile pour les femmes de casser ces codes. C’est sans doute un moment opportun pour que des femmes de tout bord redessinent les contours de l’exercice du pouvoir. Loin de l’hystérie qu’on leur prête et dont sont d’ailleurs atteints beaucoup d’hommes, elles peuvent développer des stratégies de rassemblement, de conciliation : ne pourraient-elles pas contribuer, pour le bien de la cité, à l’émergence raisonnée d’une intelligence collective ?
Les femmes qui siégeront dans la salle du conseil vont probablement amener une autre dynamique dans les relations, une autre rigueur dans les dossiers. Elles laisseront sans doute plus volontiers leur égo au vestiaire. Au bénéfice de tous.
Dans une petite commune, un club de foot a utilisé son carnet d’adresse pour appeler à voter pour l’une ou l’autre personnalité. Chez sa voisine, la position d’un candidat dans une association neutre lui permet d’organiser un grand raout pour annoncer ses promesses et piéger ses adversaires. Là, ce sont les dirigeants d’un mouvement de jeunesse à qui l’on monte le bourrichon pour qu’ils se plaignent auprès de leurs membres. Ailleurs, ce sont des données récoltées lors d’enquêtes publiques qui sont vraisemblablement utilisées : une plateforme d’associations environnementales s’opposant au contournement de Wavre a dû préciser qu’elle n’avait communiqué aucune donnée à qui ce soit. Ceci pour répondre à des habitants qui s’étonnaient de recevoir un courrier électoral personnalisé sur le sujet.
Certaines de ces actions sont carrément illégales. L’usage des données personnelles est réglementé, et particulièrement en période électorale. D’autres actions sont à tout le moins douteuses et donnent une vision peu flatteuse de son acteur. Nous pouvons tous apprécier qu’un candidat se penche sur nos besoins et écoute nos demandes, mais si la manière de le faire suppose une certaine manipulation…Dis-moi comment tu agis, je te dirai qui tu es.
La rumeur n’est pas une technique nouvelle, son efficacité est liée à son caractère non officiel et les réseaux sociaux accélèrent sa propagation avec, parfois, une influence décisive sur un scrutin.. . Est-elle encore efficace ? Nous sommes des gens intelligents qui savons faire la part des choses. Nous pouvons nous demander à qui profite le crime. Souvent, une recherche sur Internet nous permet de détruire le fondement de cette rumeur. Mais nous péchons par paresse, naïveté ou amitié. (Un petit renvoi vers cette Chronique de campagne : Ami, où as-tu mis ton tamis ?). Soyons critiques.
Demain, nous allons voter. Nous sommes quelques-uns à penser que cette élection locale est importante pour notre avenir et que son enjeu n’est pas de régler (uniquement) le nombre de terrains de foot, de kilomètres de pistes cyclables, mais certainement de préparer nos communes à faire face aux défis environnementaux (y compris sociaux et climatiques). (un second renvoi vers une Chronique de campagne : le mur est là et nos oreilles ont des murs).
La capacité à affronter ces défis avec l’honnêteté et la transparence requises peut aussi se mesurer à l’aune des pratiques de campagne !
Le Collectif Calvin & Hobbes.
]]>Pour ceux que le dépit gagne, nous pouvons les comprendre. Cette impression que rien ne bouge ou pas assez vite n’incline pas à remplir son devoir civique. Sans compter que des candidats et les motivations qui les poussent à se présenter ne soient pas toujours irréprochables. Un ancien élu qui a profité de sa fonction pour augmenter son parc immobilier, un candidat qui se présente parce qu’il n’a pas obtenu un marché public ou une diminution de ses taxes, un autre pour satisfaire un égo écervelé, c’est de notoriété, plus ou moins publique. Mais la majorité de ces gens, particulièrement au niveau communal, sont des gens ordinaires, des voisins, comme nous avons l’habitude de l’écrire, qui ont au moins en partie le souci de la chose publique.
Resterait alors à se demander ce que nous voulons laisser à nos élus ou à notre administration. Administration dont le rôle est dans tous les cas, primordial. Au bout du compte, elle est souvent la responsable ultime de la réalisation des projets[ii]. A nous de voir quelles sont les listes enclines à une gestion de l’administration qui privilégierait stimulation et délégation intelligentes sans tomber dans le travers des pressions et du clientélisme.
Le collectif Calvin & Hobbes
Face à l’urgence, nous n’avons plus le choix, nous devons réagir maintenant . Le Secrétaire Général des Nations unies, Antonio Gutteres, a déclaré que nous avions deux ans pour agir contre le changement climatique sauf à « affronter des conséquences désastreuses ».
Et pendant ce temps-là, les médias focalisent sur des incidents souvent lugubres et anecdotiques. Rares sont ceux qui rapportent les actions positives susceptibles de s’inscrire dans le cadre d’un « penser global, agir local ». De même, bon nombre d’entre nous, emportés par les cadences d’un travail alimentaire, trouvent un refuge à bon prix dans le déni, voire l’agressivité vis-à-vis de toute remise en cause..
Les élections à Grez-Doiceau n’échappent pas à la règle. Ni les citoyens, ni les candidats ne semblent mesurer l’importance des enjeux auxquels nous sommes confrontés. On se retrouve souvent à débattre de problèmes secondaires avec une véhémence qui cache mal leur futilité. Pourquoi cette agressivité ? N’est-elle pas finalement l’expression détournée d’un sentiment de malaise général ? Difficile de porter des débats parfois stériles à un niveau d’échange rationnel débouchant sur des mesures pratiques. En outre, beaucoup de groupes politiques récupèrent des concepts à la mode dont ils ne semblent pas embrasser tous les contours (mobilité, circuits-courts, citoyenneté, ruralité, …). Gagner la course aux sièges dans le tournoi inter équipes : voilà l’important. Lesquels d’entre eux anticipent la crise dont les premiers effets se feront, sans doute, déjà sentir pendant cette nouvelle législature ?
Soit, c’est une occasion manquée et la réaction se fera somme toute lorsque la maison brulera. Mais ce qui est spécifique à Grez-Doiceau et incite à la réflexion, c’est la forme et ses possibles impacts. On assiste impuissant depuis de nombreuses années à une polarisation nourrie de rancœurs personnelles cultivées. Durant la campagne, manipulations, pressions et invitations à l’esprit partisan ont la part trop belle. Nous assistons souvent à des dynamiques d’exclusion et de défiance qui mettent à mal la cohésion sociale alors qu’il faudrait favoriser des logiques de coopération que certains candidats cultivent déjà, au-delà des barrières de parti. Si les prédictions d’effondrement se réalisent, Grez-Doiceau risque d’offrir un terrain propice si les mentalités n’évoluent pas.
Il est urgent que les candidats et les citoyens réalisent qu’il est temps d’enterrer les hostilités mesquines. Qu’il est plus que temps de coopérer intelligemment afin de faire face aux défis de demain matin. Alors, pourquoi pas une petite dose salutaire de bienveillance pour occulter les egos et ouvrir la voie de la résilience et de la solidarité ?
Qui ne s’est jamais gaussé de prétendue vie de cocagne ou de l’incurie des fonctionnaires ? Et pourtant, ils sont la colonne vertébrale de la commune. Les élus passent, eux restent. Nous pourrions à tort les croire au service des politiques ou d’une politique, mais ils sont d’abord là pour répondre à des demandes précises et prévues par la loi, en matière de population, d’urbanisme, d’environnement, d’enseignement, de services sociaux (si l’on inclut le CPAS). Ils sont ensuite chargés de l’application des politiques décidées par les élus. Tout en étant également, d’une certaine façon, garants de la légalité des actes posés. Position difficile s’il en est, placés entre le marteau des élus, l’enclume des citoyens souvent impatients ou mécontents et les éventuelles foudres de la tutelle.
De tout temps, il y a eu aussi des fonctionnaires plus ou moins encartés. Leur affiliation les conduit parfois à composer avec leur neutralité, à pratiquer la rétention d’information ou à ralentir l’exécution d’une demande pour nuire à la majorité en place. Voire l’inverse ! Ou alors c’est l’indignation sélective qui les amène à fermer les yeux sur certaines pratiques.
Certains candidats considèrent qu’ils ont à encadrer le personnel de la commune. Cela ne laisse pas d’être inquiétant. Est-ce au pouvoir politique d’encadrer le personnel ? Cette fonction n’est-elle pas dévolue au directeur général ?
Un directeur général, quel directeur général ? Oui, dans chaque commune, il existe un chef du personnel qui arrête le programme d’évaluation des agents, qui assure le contrôle du fonctionnement des services, qui gère les ressources humaines. Il est le vrai directeur des services de l’administration et il fait le lien entre services communaux et le collège. La qualité de son action influence donc directement le dynamisme, l’atmosphère de travail et la neutralité de son administration.
Un second élément important est la qualité de statutaire attribuée aux fonctionnaires. Même si cela peut donner lieu à des dérives, le fait qu’un fonctionnaire soit « nommé » lui permet, dans une certaine mesure, de résister à la pression politique. Certes, dans une commune modeste, la proximité a tendance à resserrer les liens entre élus et personnel administratif ;. Néanmoins, un fonctionnaire statutaire éludera plus facilement la demande d’enterrement de première classe d’un rapport polémique, d’un abattage illégal ou d’un arrangement entre amis. La situation des contractuels est beaucoup plus délicate, puisque leur job peut dépendre d’un bon vouloir politique.
Pour une bonne gouvernance et une saine démocratie, il faut que le fonctionnaire puisse exercer sa charge en toute indépendance, en conservant sa neutralité. Il se doit d’appliquer les décisions d’un collège avec la diligence nécessaire, mais il conserve un droit de retrait, voire une possibilité de dénonciation s’il juge la demande illégale ou contraire aux bonnes pratiques.
Il a besoin pour cela, puisque nous sommes dans un système hiérarchisé, d’un directeur général qui prend ses responsabilités, aussi à l’égard du collège. D’autre part, il faut que le collège soit conscient de la nécessité d’une véritable politique du personnel : il devrait dégager les moyens financiers pour la mettre en œuvre. Si chacun joue pleinement son rôle, dynamisme et respect des règles seront plus facilement au rendez-vous.
La vision politique au collège, l’encadrement au directeur général.
Le Collectif Calvin & Hobbes
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Les candidats se présentent à notre suffrage. A qui accorder notre voix ? Exercice ardu si vous n’êtes ni partisan, ni fataliste, ni informé. Un ami écrivain a dressé naguère une intéressante check-list des élections. Nous n’allons pas en écrire une resucée : majorité absolue et échevin entrepreneur ont déjà été bannis. Tentons toutefois de la compléter..
L’un a accordé en son temps des dérogations dont il fait profit maintenant. L’autre fut autoritaire et craint. Le suivant s’est fourvoyé une fois. Le dernier était mal entouré.
De certaines malversations, on se fait difficilement pardonner. De certains défauts, on peut se corriger. Une équipe change et peut insuffler un vent nouveau… qui ne soufflera peut-être guère loin de la bouche de l’orateur.
Des projets avaient été rondement menés. D’autres ont capoté. L’on vilipende aisément le capitaine, alors même que c’est le moussaillon a ouvert la voie d’eau.
L’un vous a fait plaisir, mais c’est pour mieux vous tenir. L’autre vous a refusé une faveur, mais c’est une honnête personne.
Alors, pas de table rase du passé mais un regard aiguisé: mieux on comprend hommes et agissements, mieux on conduit le changement.
Les débats télévisuels lors des élections sont riches d’enseignements. Ne dit-on pas que le non verbal parle autant que le verbal ? Il y a le candidat mal à l’aise louchant sur ses notes, celui qui veut en imposer malgré sa gorge enrouée, celui dont le regard fuit sans doute la confrontation, celui chez qui maitrise cache roublardise.
Mais que disent-ils ? Il y a les destructeurs et les constructeurs, les passéistes, les revanchards, les consensuels, ceux qui font flèche de tout bois. Il y a ceux qui voient au loin pour ne pas regarder dans leur assiette, ceux qui ne sont pas dans leur assiette et qui restent vagues, ceux qui ont le nez sur le guidon. Rares sont ceux qui prônent ouverture et intelligence collective.
Bien sûr, pour se faire une idée de l’avenir, mieux vaut se plonger dans les programmes des partis que dans son marc de café. Reste le plus ardu : en dégager les lignes de force, en déduire la praticabilité, en soustraire les promesses populistes. Les comparer avec les autres aussi et examiner leur compatibilité, parce qu’à moins d’une majorité absolue, il faudra composer.
A moindre d’être un conservateur fossilisé par la rancœur, tout le monde veut peu ou prou changer de base. Mais pourquoi faire table rase du passé dans le contexte de ces élections ? Le passé éclaire souvent la personnalité de certains candidats: tenons-en compte.
Considérons les leaders, leur capacité à collaborer, à évoluer, à s’ouvrir, à déléguer. Comment fonctionnent leurs équipes : camarilla floue, brigade aux ordres, figurants sur la photo de famille, acteurs d’une délégation intelligente ?
Reste à remettre le bulletin…de vote : quelques points en moins pour le leader agressif, en plus pour le dynamisme d’une équipe, en moins pour l’affairiste, en plus pour la vision constructive…
Pourtant, voter pour une bonne tête ou une plaisanterie reste un non-sens. Si les communes ont une atmosphère qui leur est propre, c’est aussi, au moins en partie, parce que les équipes qui les dirigent pensent et agissent différemment. Alors, tant que nous en avons encore l’occasion, pourquoi ne pas faire l’effort de choisir avec discernement une liste ou un candidat qui correspond le mieux à notre vision du vivre ensemble communal ? C’est loin de la table rase, mais c’est déjà une bonne base.
[i] Eugène POTTIER (1816-1887), paroles, et Pierre DEGEYTER (1848-1932), musique, L’Internationale, chanson
Deux ou trois choses nous semblent importantes :
· L’accessibilité de la terre pour les jeunes producteurs dans un contexte de spéculation sur la terre ;
· La nécessité d’encourager une agriculture résiliente dans le cadre de la transition, respectueuse de la santé et collaborative ;
· L’usage des terres cultivables au sens large, du jardin pour un potager aux surfaces destinées aux grandes cultures.
C’est un enjeu, jusqu’ici peu évoqué, pour les prochaines élections communales.
Le collectif « Calvin & Hobbes »
]]>Dans la DH du 31 juillet dernier, un article rapportait la large tolérance dans le suivi des contrôles routiers. Dans certaines zones de police, il faut dépasser la limite de 17 km/h avant de récolter une prune. En agglomération, vous pourriez donc accélérer impunément jusqu’à 67 km/h. Par ailleurs, ces contrôles ne sont finalement pas aussi fréquents que le souhaiteraient bon nombre de riverains des voies à problème. Frustration et sentiment d’abandon de ces derniers car nous sommes nombreux à ne pas respecter ces minimas qui renforcent leur sécurité et qui diminuent leur exposition à la pollution sonore et olfactive.
Les arguments pour justifier ce « laxisme » sont nombreux. Le manque de personnel des zones de police et l’engorgement des parquets en sont les deux principaux. Et ils sont diablement liés à des contraintes budgétaires. Contraintes budgétaires choisies et orientées par nos élus à différents niveaux en fonction de leurs convictions. Pourtant l’insécurité routière est une des premières préoccupations de nos concitoyens. C’est particulièrement vrai dans les communes rurales, où la voiture est privilégiée pour les déplacements, par confort et facilité, mais aussi bien souvent par crainte des autres automobilistes. Combien de parents préfèrent conduire leurs enfants à l’école, parce qu’atteindre à pied l’arrêt de bus ou rouler à vélo leur semblent trop dangereux ? L’insécurité reste un des premier s freins à l’utilisation du vélo et cette crainte d’enfourcher son vélo est plus forte en Wallonie qu’en Flandre d’après une étude de l’IBSR réalisée en 2016. Loin d’être injustifiée, cette crainte est objectivée par le risque réel encouru par kilomètre parcouru.
En cette période de campagne électorale, les problèmes de mobilité et d’impunité routière reviennent davantage sur le devant de la scène. On en sent bien l’importance pour les électeurs. Beaucoup veulent changer le paradigme du « Tout à la voiture », promouvoir les transports en commun et les modes doux. Un sursaut collectif est pourtant nécessaire pour atteindre ce but.
De la part des pouvoirs publics, (élus ou administrations) on attendrait des signes tangibles d’un véritable souci de contrôle des injonctions routières : radars fonctionnels et judicieusement placés, renforcement des parquets pour les poursuites, cohérence dans la signalisation et protection renforcée pour les traversées cyclistes et piétonnes. Actions de prévention routière de sensibilisation à l’usage du vélo pourraient davantage être encouragées dans les écoles. Enfin, le maillage des pistes cyclables et des trottoirs devrait être complété. Il est temps de passer à la vitesse supérieure si l’on peut dire…
Ce sera un enjeu, tant pour les conseils communaux qui seront élus en octobre que pour les citoyens qui sont les premiers acteurs de la mobilité.
En attendant, c’est souvent encore « vroum, vroum, tut, tut ».
Le collectif « Calvin & Hobbes »
]]>Il est sans doute nécessaire d’accepter le constat que « l’agriculture ne représente plus, à l’heure actuelle, la principale fonction du milieu rural. Devenus minoritaires, les agriculteurs doivent souvent se battre pour pouvoir continuer à exercer leur activité[2]. » Nous y reviendrons sans doute dans une prochaine chronique.
Doit-on faire nôtre cette affirmation que « les recompositions socio-spatiales modifient la donne « rurale ». Dans les pays anciennement industrialisés, le bâti de type « urbain » se diffuse dans des campagnes « mitées » par la « rurbanisation », les « ruraux » adoptent les mêmes modes de vie, les mêmes mobilités et représentations que les citadins, tandis que les catégories socioprofessionnelles se diversifient, conduisant à la marginalisation des agriculteurs ; désormais le rural n’est plus l’agricole et l’on passe d’une société d’interconnaissance à un système plus ouvert et plus éclaté (dissociation des lieux de résidence et d’emploi, résidences alternantes)[3]. »
En fait, n’existe-t-il pas des ruralités, plutôt qu’une ruralité ?
La ruralité n’est pas un « donné » mais une construction sociale du monde, reposant sur des perceptions et des pratiques évolutives à identifier et à interpréter, devenant une clé de lecture des changements qui affectent la société toute entière. Dans leurs caractères et imaginaires, ces ruralités se recomposent rapidement. Les évolutions démographiques – entre accumulation, dépeuplement et nouvelles attractivités rurales selon les lieux –, la diversification des sociétés de plus en plus mobiles, le développement de nouveaux modes d’habiter, la réorganisation des fonctions (productives mais aussi résidentielles, de loisirs ou de « nature ») et des formes de gouvernance, conduisent à une formidable diversité géographique[4].
L’enjeu pour une commune rurale est certainement de définir ce qu’est sa ruralité, mais aussi les conflits, les paradoxes, les antagonismes que cela peut soulever, dans la mesure où il importe aussi d’orienter son développement vers un modèle durable qui concilie activités, mobilité ,logement et environnement.
Considérer ce qu’en pensent les élus, les candidats aux élections communales ou la population est une première étape. Mais une seconde, et impérative, est de construire, dans un processus le plus consensuel possible, une définition qui s’attacherait à un territoire donné dans une optique prospective.
Sommes-nous à ce point sûr de notre bon droit ? Sommes-nous à ce point convaincus de notre probité ?
Que ne lit-on pas sur les réseaux sociaux à propos de la politique et de ceux qui la font. Les élections communales approchent et certains lâchent les vannes sans retenue…
« Politicards », « véreux », « profiteurs », j’en passe et des meilleurs. Vous pouvez être épinglé pour vos orientations sexuelles. Vous faites partie d’une soi-disant minorité visible ? Vous en prendrez pour votre grade, même si vous habitez le village depuis cinq générations. Femme engagée en politique ? . On dira de vous « la Machin » ou pire « la mère Machin » quand on ne parlera pas de vos « r….. ».
Croyons-nous sincèrement que ces gens qui se présentent sur une liste, ces candidats qui veulent représenter leur village soient des êtres abjects, odieusement pervers, superbement intéressés par l’argent et le pouvoir. Peut-être vrai pour certains. Il y a certainement l’un ou l’autre qui se présente pour des motifs aussi privés que dissimulés : le pouvoir en place ne lui a pas octroyé la faveur qu’il sollicitait ou lui a imposé une limite perçue comme insupportable, quand bien même le bien commun en sortirait grandi.
Mais n’avons-nous pas aussi dans notre cercle de connaissances des gens particulièrement revanchards, prêts à tout pour assouvir leur vengeance, des collègues avides de pouvoir, des voisins abjects ? Pourtant, la majorité des personnes que nous rencontrons, à moins de manquer cruellement de chance (et là, nous devrions nous poser des questions sur nous-mêmes), ont envie de vivre honnêtement, en paix. Ce n’est pas différent en politique. La généralisation tue.
Ces gens que certains ne se privent pas d’ injurier quotidiennement et copieusement, sont, et particulièrement pour les élections locales, nos voisins. Ils habitent notre rue ou notre quartier. Nous leur disons bonjour, nous les saluons dans la rue et peut-être taillons-nous une bavette avec eux. Mais pas sur les réseaux sociaux. Là, devant la nébuleuse de l’écran, les distances se floutent et on se lâche un peu lâchement sans conscience de notre nuisance.
Antidote du collectif Calvin & Hobbes : pas trop de moralisation mais une bonne pincée de Socrate qui garde tout son sel à l’ère du numérique .
Un jour, quelqu'un vint voir Socrate et lui dit :
- Ecoute Socrate, il faut que je te raconte comment ton ami s'est conduit.
- Arrête ! Interrompit l'homme sage. As-tu passé ce que tu as à me dire à travers les trois tamis ?
- Trois tamis ? dit l'autre, empli d'étonnement.
- Oui, mon bon ami : trois tamis. Examinons si ce que tu as à me dire peut passer par les trois tamis. Le premier est de celui de la Vérité. As-tu contrôlé si ce que tu as à me dire est vrai ?
- Non ; je l'ai entendu raconter, et ...
- Bien, bien. Mais assurément, tu l'as fait passer à travers le deuxième tamis. C'est celui de la Bonté. Ce que tu veux me dire, si ce n'est pas tout à fait vrai, est-ce au moins quelque chose de bon ?
Hésitant, l'autre répondit : non, ce n'est pas quelque chose de bon, au contraire ...
- Hum, dit le Sage, essayons de nous servir du troisième tamis, et voyons s'il est utile de me raconter ce que tu as à me dire ...
- Utile ? Pas précisément.
- Eh bien, dit Socrate en souriant, si ce que tu as à me dire n'est ni vrai, ni bon, ni utile, je préfère ne pas le savoir, et quant à toi, je te conseille de l'oublier ...
Peut-être que sur les réseaux sociaux, pour faire écran, il faudrait toujours un petit tamis à côté de soi.
Le collectif Calvin & Hobbes
(Le préambule se trouve à cette adresse)
Urbanisme et espace public sont intimement liés. Le premier est un guide pour l’aménagement du second, mais il est trop restrictif au sens, où communément, il ne traite que des aménagements urbains, ce qui sortirait les espaces non urbains comme les champs ou les bois de son champ d’action. C’est pourquoi, nous y avons associé l’aménagement du territoire quand nous parlons. Nous n’opposons pas non plus espace public et privé dans notre analyse. Le second a une influence directe sur le premier, par sa disposition, sa finalité ou ses aménagements.
L’urbanisme est une discipline mal comprise. Peut-être parce que bien souvent le service de l’urbanisme dans une commune fait parfois plus de l’esthétisme que de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire et ce pour des raisons réglementaires ou politiques. Il existe de nombreuses prescriptions (devenues des recommandations avec le CoDt) comme le RGBSR, le règlement général pour des bâtisses sans réflexion, interdisant une véritable innovation. En outre, tant à l’administration que chez les politiques ou les citoyens, il y a de nombreuses idées reçues, dont la pertinence devrait être examinée.
Quelques exemples…
La ville à la campagne (1)
Certains considèrent que construire des maisons en alignement c’est mettre la ville à la campagne, évoquant même des corons[i]. Il est faux de dire que des maisons 2 façades n’existent que dans des paysages citadins. La typologie de nos villages en est remplie. La maison 4 façades bourgeoise du docteur ou du négociant en grain y était présente, mais la villa (au sens actuel) est une invention récente. Par ailleurs, la maison 2 ou 3 façades est un excellent compromis pour un habitat peu énergivore.
La ville à la campagne (2)
La présence d’appartements soulève le même tollé. Or, il existe, même en zone rurale, une réelle demande pour ce type de logement, pour des personnes seules, des couples âgés. Il est aussi intéressant par son besoin d’espace réduit par logement et sa sobriété en énergie.
Le parcage des voitures
Le parcage est souvent une obsession pour les autorités. Un nombre de places de stationnement défini est imposé par logement. Il s’agit d’un problème réel, mais qui semble pris par le mauvais bout. Ce qui est craint est la présence massive de véhicules dans les rues. A certains endroits, une taxe est imposée à celui qui n’a pas de garage, mais le garage ampute le logement d’u lieu potentiel de rangement ou de vie, qui serait chauffé à meilleur escient. Pourquoi imposer d’y mettre sa voiture ? Il serait sans doute plus approprié de prévoir des cartes de riverains ou d’imposer le parking dans des zones un peu plus éloignées.
La circulation automobile
L’étalement urbain a conduit à un usage immodéré de la voiture. Les zones économiques décentrées l’ont renforcé. L’insécurité routière conduit à remplacer les transports en commun par l’automobile pour les trajets vers l’école. Tout nouveau projet, même pertinent en termes de densification, doit passer sous les fourches caudines de la maîtrise de la mobilité. Argument valable à court terme, mais sans doute mal pensé à long terme. Ne vaut-il pas, comme le suggère un professeur de l’université de Hasselt laisser les difficultés s’amonceler pour provoquer un changement de comportement.
Pensons en fait plus loin. Intégrons le maximum d’éléments dans notre réflexion.
Nous devrions envisager les choses du point de vue :
· de l'usager: ce bâtiment ou cet aménagement remplit-il ses fonctions et ajoute-t-il quelque chose à ma vie?
o La gare de Liège par exemple ne remplit pas ces critères.
· du gestionnaire: le budget alloué est-il cohérent entre autre avec la fonction?
o La gare de Mons est un autre exemple.
· de l'environnementaliste: quel impact a cette construction?
· de l’aménageur : quel impact sur mon territoire ?
· du spécialiste en mobilité qui analysera plus finement cet aspect
· du citoyen qui doit vivre ou passer par là.
· voire de l’esthète, parce qu’il y a toujours quelqu’un qui se piquera de l’être.
Un urbanisme pratique et participatif donc, défendu chez nous dans les années septante par Lucien Kroll ou plus récemment en France par Thierry Paquot dans son ouvrage « L'urbanisme, c'est notre affaire ». Un urbanisme et un aménagement du territoire qui ne s’arrêteraient pas à des formules toutes faites, à des visions étriquées, passéistes.
L’urbanisme communal (et singulièrement dans les communes rurales) se limite encore trop souvent à la délivrance des permis. Il faut un travail de réflexion, prospectif, intellectuel au sens noble, pour imaginer les conditions idéales pour conserver ou créer un espace public convivial.
Pour terminer, il nous semble important de traiter de deux sujets : le caractère rural et le paysage. Mais comme ces sujets sont vastes, nous vous renvoyons à quelques textes plus anciens, encore d’actualité toutefois.
Nous vous renvoyons à ces cartes blanches de notre association publiées dans Espace-Vie :
Ainsi qu’à ces chroniques
La plate-forme citoyen-grez-doiceau.be & Epures ASBL
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