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Croyance et opium du peuple (seconde partie)

Ceci est le corps de la femme!

• Lundi 10/04/2017 • Version imprimable

Le collectif accueille , une vieille connaissance, pour ses chroniques.

Rappelons ce qui avait motivé notre précédente chronique Croyance et opium du peuple (première partie) :

Il y a quelques temps un député européen belge faisait ce commentaire :

"En Europe, depuis les Lumières, le combat pour le libre-examen, pour la reconnaissance d’un être humain capable de penser par lui-même, a été un combat difficile contre le pouvoir des Eglises chrétiennes. Ce combat de la laïcité devait être mené. Mais je pense que c’est allé trop loin. A gauche, on en est arrivé à assimiler la religion à l’opium du peuple, sans nuance. Avec condescendance, on considère les croyants comme des arriérés, des enfants qui se débarrasseront des oripeaux de la vie spirituelle une fois qu’ils deviendront adultes. On arrive peut-être à un moment où l’Europe est mûre pour vivre bien dans ses baskets à la fois le chemin spirituel et le libre-examen…[1]"

Ma consœur en chroniques, mon amie , citait, dans celle intitulée Et les femmes dans tout cela ?, deux positions, l’une d’un croyant belge sur l’avortement, l’autre français sur le mariage pour tous.

Pour ce qui est de l'avortement, je regrette mais à partir du moment où la femme vit dans une communauté humaine qui la structure et qui la fait vivre et à partir du moment où cela concerne la postérité d'une communauté humaine, cette question dépasse son être propre et implique la société entière. […]Je rappelle également que dans les organismes pro-life il y a aussi des femmes qui défendent ce point de vue et que ces mêmes organismes ont aussi à cœur l'aide aux personnes en détresse, mais évidemment l'Etat préfère que ce soient les plannings familiaux qui s'en chargent, où nous savons que ce n'est pas l'alternative à l'avortement qu'ils tendent à promouvoir. […]Je rappelle aussi qu'en tant que catholiques, nous avons notre propre vision des choses et qu'il nous importe de devoir interpeller la société sur l'un ou l'autre de ses problèmes. L'histoire ne démontre-t-elle pas que c'est dans la société chrétienne européenne que les femmes avaient le plus de facilité?

 

G. (Nom supprimé à la demande) vient de Nogent-sur-Seine, dans l’Aube. Ce cadre dans l’agroalimentaire, l’air bonhomme mais avec une voix parfois timide, est adhérent depuis quelques semaines. Il se présente comme un membre «de cette France qu’on dit silencieuse». Père de famille. Marié. Travailleur: «Celle qui fait son devoir modestement et qui a l’impression de ne pas être assez représentée et de s’être fait humilier par certaines lois qui ont viré à l’acharnement», indique-t-il en parlant de la loi Taubira. Il précise de suite qu’il n’a rien contre les homosexuels mais il se sent attaqué «parce que l’on représente une vision plus traditionnelle et plus classique du mariage qui est malmenée»[5].

 

Comme l’écrivait , le premier assigne clairement à la femme le statut de poule pondeuse pour le bien de « l’entreprise ». Le second, représentant le positionnement du mouvement français « Sens commun », ouvertement catholique, est clairement négatif à l’égard d’un mariage pour tous : un papa, une maman, point barre. Le fait de permettre le mariage entre personnes du même sexe est ressentie comme une humiliation.

Rajoutons pour faire bonne mesure, l’intervention controversée à l’UCL de Stéphane Mercier, à rapprocher de l’opinion de nombreux cardinaux:

« Si l’avortement est un meurtre, n’est-il pas encore plus grave que le viol ? Le viol est immoral et heureusement il est aussi illégal »

Il s’agit d’opinion et il est légitime d’avoir des opinions. Mais personne ne me fera accroire que ces opinions n’ont rien à voir avec la religion, dont l’interprétation par certains conduit à voir la femme comme l’inégale de l’homme et l’homosexuel(le) comme la bête immonde, avec des comparaisons entre le mariage entre deux personnes du même sexe et la zoophilie.

Le mariage sur lequel les religions ont encore la main mise. Ce n'est que récemment que le mariage civil a été reconnu en Israël où les religieux ont un poids considérable. Cet article sur mariage civil et mariage religieux de Wikipedia est également illustratif:

Dans de nombreux systèmes juridiques, le mariage civil se déroule en même temps que la cérémonie du mariage religieux, même si les deux sont théoriquement distincts. Ainsi, dans la plupart des États américains, mais aussi au Royaume-Uni, en Irlande et en Pologne, le mariage est célébré par un prêtre, un pasteur, un rabbin ou toute autre autorité religieuse qui officie également comme un agent public. Dans certains pays, comme l'Allemagne, l'Argentine, la Belgique, la France, la Russie, la Suisse ou la Turquie, il est nécessaire que le mariage civil ait été célébré avant que ne se déroule la cérémonie religieuse. Selon Irène Théry, sociologue au CNRS, « le mariage n'est pas un simple outil de gestion du couple mais une institution de l'ordre symbolique dans lequel se différencient les sexes et les générations.»

L’euthanasie, telle que nous la concevons en Belgique, pourrait être œuvre de compassion et pourtant les religions (et je caricature peut-être) préfèrent un moribond souffrant qu’un mort apaisé. Dans le même temps, la peine de mort n’est pas spécialement rejetée.

L’enseignement traditionnel de l’Église n’exclut pas, quand l’identité et la responsabilité du coupable sont pleinement vérifiées, le recours à la peine de mort, si celle-ci est l’unique moyen praticable pour protéger efficacement de l’injuste agresseur la vie d’êtres humains.[2]?

Mais si l’on en croit le site religieux et apparemment extrémiste le Rouge et le Noir :

Le recours à la peine capitale n’est légitime que dans les États occidentaux[3]

L’abattage rituel apparaît sur les écrans radars pour l’instant et gagne directement son point Godwin :

Les accords conclus ou qui semblent se dessiner aux parlements flamand et wallon en vue d'une interdiction totale de l'abattage sans étourdissement pour 2019 s'apparentent pour la communauté juive de Belgique à "une crise sans précédent, la plus grave même depuis la Seconde Guerre mondiale". C'est en tout cas l'avis émis par Philippe Markiewicz, le président du Consistoire central israélite, dans un entretien publié par La Libre Belgique jeudi, auquel a aussi participé le Grand Rabbin de Bruxelles Albert Guigui. Le quotidien souligne d'ailleurs qu'en filigrane de l'entretien est apparu un "rappel dérangeant": le fait que lorsqu'il a lancé les mesures anti-juives, l'occupant nazi a d'abord interdit l'abattage rituel[4].

Que l’on pense encore maintenant qu’il est nécessaire d’égorger une bête pour célébrer un événement est déjà diablement interpellant, mais qu’en plus, l’on s’insurge sur une mesure minimale de respect pour l’animal, cela me laisse pantois. Et cette réflexion concerne toutes les religions qui pratiquent cela.

Tout comme d’ailleurs, tous les actes que l’on fait subir à un enfant sous prétexte de religiosité, symboliques comme le baptême[5] ou physique comme la circoncision.

Voilà ce que titrait Slate sur la renonciation du baptême (et je vous invite à lire l’article)

L'apostasie, c'est-à-dire le fait de renier son baptême, est un concept à la mode sur les réseaux sociaux. Mais la possibilité de pouvoir faire effacer carrément toute mention du sacrement n'est pas encore totalement validée par la justice[6].

Nous avons donc une proportion, variable selon les religions et les pays, de gens qui considèrent la femme à la Pétain, l’homosexuel(le) comme la porte d’entrée aux pires malheurs et qu’entrer en Religion malgré soi n’offre pas de porte de sortie évidente.

Comment pouvons-nous les appeler ?