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Croyance et opium du peuple (première partie)

Et pan dans les genousflexions !

• Mercredi 05/04/2017 • Version imprimable

Le collectif accueille , une vieille connaissance, pour ses chroniques.

Mes amis du Collectif ne l’ont jamais caché : ce sont des agnostiques enragés. Pas des athées, des agnostiques, c’est autre chose. Signalons aussi que l’on n’ a pas encore vu d’agnostique commettre des attentats au nom de son absence de croyance.

Parce que là, disons-le, les religions me courent sur le haricot. Elles bourrent le mou à des milliards d’individus, sans vergogne, et pas souvent pour la plus grande gloire des dieux.

Il y a quelques temps un député européen belge faisait ce commentaire :

"En Europe, depuis les Lumières, le combat pour le libre-examen, pour la reconnaissance d’un être humain capable de penser par lui-même, a été un combat difficile contre le pouvoir des Eglises chrétiennes. Ce combat de la laïcité devait être mené. Mais je pense que c’est allé trop loin. A gauche, on en est arrivé à assimiler la religion à l’opium du peuple, sans nuance. Avec condescendance, on considère les croyants comme des arriérés, des enfants qui se débarrasseront des oripeaux de la vie spirituelle une fois qu’ils deviendront adultes. On arrive peut-être à un moment où l’Europe est mûre pour vivre bien dans ses baskets à la fois le chemin spirituel et le libre-examen…[1]"

Désolé, désolé, mais au vu de la marche du monde, la religion est indéniablement pour beaucoup de gens un « prêt à penser », un « prêt » qui coûte cher, qui creuse la dette de l’immobilisme. Il y a de l’arriéré dans le croyant et du pervers dans le clergé. (Pour mes amis qui ont contracté ce prêt, notez bien que nous sommes dans l’exagération).

 
Prenons un premier exemple, les créationnistes…

Selon un sondage de 2009 aux Etats-Unis:

… seulement 35 % de la population a dit privilégier la théorie de l'évolution, contre 47 % qui adhèrent au créationnisme. Dans aucune région la théorie de l'évolution n'est endossée par une majorité de gens[2].

Selon un sondage publié par Gallup en 2014 :

Un Américain sur quatre pense en effet que Dieu a créé l'Homme et la Terre il y a moins de
10 000 ans, tandis que l'autre moitié adhère à l'idée d'une évolution guidée par Dieu d'une manière ou d'une autre. Une antithèse à la théorie darwiniste, pourtant admise par l'ensemble des scientifiques, et partagée par seulement 15 % des Américains[3].

En Europe, citons pour l’anecdote, le vice-ministre de l'éducation polonais, ultracatholique, qui en 2006, réduisait la théorie de l'évolution à un "mensonge".  

En 2006, une des agences britanniques de préparation et de suivi des examens, l’OCR, a introduit dans les programmes de biologie du GSCE (une sorte de brevet) un sujet sur le créationnisme, prétextant ainsi initier les élèves aux différentes polémiques scientifiques.  Le fait d’aborder la question du créationnisme en biologie confère un statut scientifique à une théorie qui relève de la croyance alors que l’évolutionnisme de Darwin qui, bien que controversé sur plusieurs points, est bien une théorie scientifique[4].

Un des représentants de ces cercles créationnistes est André Eggen, Directeur de recherche à l’INRA, généticien, il est en même temps un créationniste intempérant.

Il suffit de lire la profession de foi de son association « Au commencement»: « Ne faisons pas une confiance aveugle aux professeurs de sciences, ni aux films documentaires ou aux magazines scientifiques, mais examinons toutes choses à la lumière du seul livre au monde qui est 100 % digne de confiance: la Bible. » Qu'André Eggen remette en cause les résultats scientifiques, c'est parfaitement légitime. Mais qu'il ne fasse pas profiter la religion du même scepticisme, voilà un deux poids deux mesures qui démontre que, contrairement à ce qu'il prétend, son activité créationniste n'a rien de rationnel[5]

A défaut d’admirer le personnage, je peux lui reconnaître l’art de la contorsion. Notons aussi que cette gymnastique est critiquée par d’autres croyants[6].

Il existe donc un réel mouvement créationniste suffisamment virulent pour le Conseil de l’Europe s’en inquiète en 2007 :

Le créationnisme (négation de l’évolution des espèces) menace les valeurs qui sont l’essence même du Conseil de l’Europe et l’Assemblée met en garde contre les actions des partisans de cette théorie, qui voudraient faire figurer leurs idées dans les programmes d’enseignement scientifique. Si l’Assemblée admet que les thèses créationnistes, comme toute approche théologique, peuvent éventuellement, dans le respect de la liberté d’expression et des croyances de chacun, être exposées dans le cadre d’un apprentissage renforcé du fait culturel et religieux, elle s’oppose fermement à ce qu’elles puissent être présentées dans un cadre général d’enseignement[7].

Ce qui n’était pas sans indisposer le Vatican

Rappelons, entre autres prises de position vaticanes qui soutiennent une évolution dirigée, la lettre adressée par le Saint-Siège à des parlementaires pour empêcher le vote de la résolution du Conseil de l’Europe sur "Les dangers du créationnisme dans l’éducation" (adoptée en octobre 2007).[8]

Nous avons donc une proportion, variable selon les religions et les pays, de gens qui remettent en question la science à cause d’un vieux livre.

Comment pouvons-nous les appeler ?

 

[5] A. F.  Mercredi 13 mai 2009 CHARLIE HEBDO

[8] http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/l-arbre-qui-cache-la-foret-un-55449  NB Agoravox est un site parfois contesté pour son complotisme, surtout après 2009. Néanmoins, les de cet article de 2009  ont ici une certaine réputation plutôt positive. https://www.cairn.info/revue-anthropologie-des-connaissances-2014-2-page-489.htm


Commentaires

Lien croisé par Anonyme le Lundi 08/05/2017 à 20:32

Blog à part » Croyance et opium du peuple (troisième partie) : "Rappelons ce qui avait motivé notre précédente chronique Croyance et opium du peuple (première partie) :"