[Le mouvement citoyen] désire faire évoluer les modes de fonctionnement dans le sens d’une plus grande participation, d’une plus grande implication des citoyens.
Les modes participatifs actuels au niveau local comme les commissions locales de développement rural (CLDR) ou les commissions consultatives de l’aménagement du territoire et de la mobilité (CCATM) conservent bien entendu leur intérêt. Parce qu’elles sont définies par la loi, elles doivent fonctionner dans un cadre précis, selon un mode de fonctionnement balisé et dans des domaines bien déterminés. Ces limites institutionnelles ont pour elles d’assurer, dans une certaine mesure, une stabilité et une représentativité de ces commissions. Mais leur rigidité ne leur permet de répondre à tous les besoins, particulièrement celui de la co-construction au sein des quartiers. Il faudrait donc utiliser d’autres méthodes permettant de réagir rapidement à des questions spécifiques. Nous pouvons imaginer des Agoras où se retrouveraient tant des membres des CCATM, CLDR,… que des citoyens non-membres, pour traiter d’un sujet.
Dans la mise en place de ces réunions, (et bien entendu des actions qui en découlent), facilitée par les mouvements citoyens (ou en collaboration), il faudra être attentif à la bonne inclusion de tous, même si la participation se fait sur base volontaire. Il ne serait pas opportun de qualifier de citoyen, un mouvement qui s’associerait à une pratique excluant d’emblée une partie de la population.
Il doit être autant chambre de réflexion que porteur d’action : réfléchir et faire.
Nous ne pourrions pas concevoir un mouvement qui ne serait qu’un « think thank ». Il est nécessaire de réfléchir aux objectifs, aux manières de procéder, aux conséquences, aux séquences temporelles. Mais il faut que cela soit par après, et parfois rapidement, ancré dans le concret : on ne vise pas la théorie présompteuse mais la reprise en main du destin collectif par l’implication.
Il s’inscrit dans la poursuite d’un ou du bien commun.
Il va sans dire qu’un mouvement citoyen ne poursuit pas des buts privés, ou alors ceux-ci sont accessoires. Ils peuvent avoir été les déclencheurs de l’action, la raison pour laquelle nous nous sommes intéressés à un problème. Mais ils doivent s’effacer peu à peu devant le bien commun. Il ne s’agit pas non plus d’une croisade, mais d’une envie de faire évoluer le monde (idéalement avec bienveillance) de manière altruiste.
Il s’inscrit dans la durée et n’est pas un opportuniste électoral.
Un mouvement citoyen qui débute quelques mois avant les élections, avec des gens qui n’ont jamais été vus sur le terrain est sujet à caution. Non pas que cela soit impossible, mais peu plausible. A côté du greenwashing, nous rencontrons de plus en plus du citizenwashing : le vocable « citoyen », à force d’être accolé à tout et son contraire, perd de sa couleur .
On ne crée pas un mouvement citoyen pour gagner les élections.
Ses membres sont issus de la société civile, si tant est que l’on puisse s’accorder sur une définition commune de celle-ci ([1]), mais ce n’est pas pour autant que les personnes en lien avec un parti en soient exclues.
Pourquoi exclurait-on quelqu’un lié à un parti, alors que par son engagement, il démontre que les choses de la cité lui importe. Il faut néanmoins qu’une certaine cohérence et une capacité d’ indépendance soient présentes pour que nous ne revenions pas au point précédent.
Un parti s’inscrit dans une réalité différente, concurrentielle, qui suit les règles électorales. La recherche du bien public se voit parfois éludée par la nécessité de démontrer que l’adversaire a tort. Par essence, le mouvement citoyen s’affranchit de cet impératif en visant le consensus. A force de côtoyer une citoyenneté active et responsable, il n’est peut-être pas utopique d’espérer un transfert de pratiques apaisées au sein de la représentation politique.
Le Collectif Calvin & Hobbes
Mots-clés : Chroniques de campagne 2018