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Pigeon volé.

• Mardi 14/10/2008 • Version imprimable

Un pigeon d’un colombophile de Rotem (Limbourg) est responsable du crash d’un ULM à Genappe. Le propriétaire du pigeon serait civilement responsable des dégâts. C’est dit, chers amis colombophiles, tenez vos pigeons en laisse. Je trouve scandaleux que l’on salisse la mémoire de ce volatile. C’est quand même lui qui en est mort à passer entre les pales de l’hélice. Le pilote peut-il prouver qu’il avait respecté les priorités ? C’est normalement l’usager faible que l’on indemnise. Dans ce cas-ci, c’est l’inverse. Si le pigeon avait été un canard sauvage, qui aurait-on attaqué ? Gaia, Greenpeace, Mère nature ?

Qui était à sa place dans le ciel ? Le pigeon ou le pilote ? Qui a décidé de prendre le risque de s’envoler dans un truc ultra léger (malheureusement) motorisé ? Mais il faut que quelqu’un paye.

 

C’est la même chose que se disent les actionnaires de Fortis. Et pourquoi pas l’état ? « L'épargnant, lui, est touché deux fois, car il est aussi un actionnaire grugé. Ainsi a-t-on découvert que l'action Fortis touchait une large part de la population, pensionnés, petits revenus compris. On dira qu'ils n'avaient qu'à savoir, que c'était risqué. On aura tort. Car ce sont les banquiers qui ont tout fait pour banaliser la sophistication de leurs produits, le risque de leur action » nous déclarait dans un éditorial (La terreur des Belges) Béatrice Delvaux.

 

Et bien, je ne suis pas d’accord. Ne me faites pas croire, surtout à moi qui les connais bien, que ces gens étaient ignorants du risque. Ne les faisons pas plus stupides que ce qu’ils sont. Ils ne se plaignaient pas quand le cours de l’action grimpait ou qu’on leur payait un dividende si peu taxé. Qu’ils assument leur appât du gain. Bien entendu, cela n’exonère pas de leurs responsabilités ceux, aux commandes,  qui se sont lancés dans des opérations risquées ou douteuses. Mais ce n’est pas une excuse suffisante pour l’Etat indemnise ces actionnaires. Mon oncle, petit pensionné, ancien ouvrier agricole, n’a jamais placé ses trois francs six sous que sur un compte d’épargne ou dans un bon d’état.  Pourquoi verrait-il d’un bon œil que l’on indemnise les amateurs du capital à risque avec l’argent qui pourrait servir à revaloriser sa maigre retraite ?

A ce train, ne serait-il pas aussi ou plus  moral d’indemniser les petits entrepreneurs, les petits commerçants, tous ceux que la crise précipitera dans le désespoir ?

 

Ces petits actionnaires, qui n’ont généralement pas que des Fortis, se rendaient-ils compte que derrière leurs titres, il y a des hommes et des femmes, que les cours, parfois ou souvent, grimpent parce que ces hommes et ces femmes ont été licenciés ? Croit-on que les actionnaires de la BNP vont se formaliser de ce que l’on veut virer trois mille personnes chez Fortis ? Laissez-moi rire. Ils vous diront peut-être que c’est dommage, mais que ce n’est pas de leur faute. Ce n’est pas non plus de la faute de mon oncle que les actionnaires de Fortis se sont ramassés.

 

La bourse a toujours été un lieu de perdition, un coupe-gorge, dont seuls les très riches, les très malins ou les très patients se sortent. Ceux qui y pénètrent savent ce dont il est question. (Il en est parfois autrement d’autres instruments de placement). Le risque est inhérent au lieu. Que celui qui y pénètre en assume la responsabilité.

 

Si l’état fait des bénéfices avec ses actions, qu’il finance le fonds de vieillissement qui ne sera pas alimenté en 2009. Au moins, tout le monde ne profitera et pas seulement des actionnaires « innocents ».

Denis MARION.


Commentaires

Enfin qq'un qui pense comme moi... par PO le Mercredi 15/10/2008 à 10:47

Bjr Denis,

Je suis très content de lire ton dernier texte.

Je partage totalement ton avis. Et pourtant, des actions Fortis, j'en avais... comme un 'bon père de famille'.

Il semble qu'il y a 500 000 actionnaires de Fortis en Belgique. Bien. Cela veut donc dire qu'il y a 10 000 000 de belges qui ne sont pas actionnaires! Je trouve incroyable que 19 belges sur 20 passent à la caisse pour renflouer les pertes de personnes qui ont (tout) perdu en quelques semaines. On savait dans quoi on investissait.

Lorsque, au début de la guerre du Golfe (II), les actionnaires de Fortis ont acheté à 10€, et que -quatre ans plus tard- ils ont revendu à 35€, sont-ils passés à la caisse pour socialiser les bénéfices monstrueux? Non.

Fortis a merdé, c'est certain. Le gouvernement aussi en agissant n'importe comment dans la panique. Mais j'ai bien peur que cela ne soit qu'un début... Je vais donc investir dans un potager pour pouvoir nourrir ma famille dans les années à venir...

Belle journée!

Pierre