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P…. de démocratie, chronique de campagne (6)

La campagne est également l’occasion de parler des mêmes choses, mais autrement.

• Jeudi 15/05/2014 • Version imprimable

Tiens… on en remet une couche sur les avions, parce que cela fait partie des sujets de la campagne, au contraire du traité transatlantique.

Au collectif «  », nous sommes profondément environnementalistes et particulièrement concernés par le problème du trafic aérien. Bon, il y en a bien un ou deux qui prennent l’avion, mais les excuses invoquées leur évitent d’être trop flagellés à chaque réunion.

Alors quand deux associations de riverains lancent dans la presse : « Survol de Bruxelles: Deux associations dénoncent un "scandale d'Etat" », cela nous interpelle.

Le mouvement "Pas Question! " et Bruxelles Air Libre Brussel ont réclamé dimanche, après la publication de l'étude de l'ULB sur le plan Wathelet , un "moratoire immédiat" du nouveau schéma de dispersion des vols et le retour "temporaire" à la situation d'avant le 6 février. "Ce rapport montre l'ampleur des nuisances infligées aux Bruxellois depuis la mise en œuvre du plan. Il démontre clairement le déplacement des routes vers les zones les plus densément peuplées et révèle également que le plan redirige les avions au-dessus des zones les plus défavorisées de Bruxelles", notent ces deux associations[i]. Et de poursuivre sur cette étude de l’ULB qui conteste les positions du secrétaire d’état en charge. Et puis, demi-looping, c’est la ministre de l’environnement bruxelloise qui est accusée d’avoir menti à la lecture de cette étude. Deux adversaires politiques dans les cordes.

Alors, est-ce un scandale d’état ? Non, ou plutôt, pas seulement. C’est un scandale sociétal, si cette expression peut avoir du sens.

C’est un scandale politique, parce que les élus-candidats sont prêts à dire n’importe quoi pour s’en sortir ou enfoncer l’autre, prêts à faire n’importe quelle promesse pour s’attirer les bonnes grâces, surtout en période électorale. C’est une injure systématique à la mémoire.
C’est un scandale économique d’avoir laissé échapper le contrôle d’une entreprise publique (BIAC ou Bruxelles-National) en vendant au privé la majorité des parts en dessous de leur valeur.
C’est un scandale fiscal d’avoir vendu cela à des entreprises basées dans des paradis fiscaux.
C’est un scandale environnemental de ne pas avoir réfléchi à l’impact sanitaire au sens large de cet aéroport.
C'est un scandale judiciaire avec toutes les décisions de justice ignorées
C’est un scandale communautaire d’avoir laissé le sexe linguistique déterminer qui doit ou non subir.
Mais c’est surtout un scandale citoyen quand la seule chose qui importe est son propre confort. « Est-il politiquement correct de se demander en ces temps de nuisances aériennes au-dessus de Bruxelles, combien de Bruxellois seraient prêts à aller prendre leur avion à Charleroi. A entendre certaines réactions, ce serait le beurre et l’argent du beurre : pas d’avion au-dessus de la tête, mais un aéroport à ma porte. Pour moi, infâme égoïste, cet aéroport peut fermer. Je ne prends pas l’avion, ni là, ni ailleurs. » écrivait dernièrement l’un d’entre nous. Les signataires de l’appel évoqué dans l’article se scandalisent par exemple du fait « que le plan redirige les avions au-dessus des zones les plus défavorisées de Bruxelles ». Connaissant certains protagonistes, nous ne pouvons pas douter de leur sincérité, mais nous émettons des doutes quant à d’autres… Que nous sachions, Auderghem ou Boisfort ne sont pas peuplées de bataillons de va-nu-pieds.

« Il n’est pas correct de se moquer des victimes, mais quand certains s’accordent à dire seulement qu’ils n’en veulent pas de ces avions, qu’il faut les remettre là où ils étaient sans remettre en question l’usage qu’ils font eux-mêmes du transport aérien, il y a de quoi m’énerver », s’indignait dernièrement un de nos vieux voisins, acariâtre, écolo radical et adepte de l’autosuffisance. « Il faut tout mettre sur les zones moins densément peuplées. Mais qu’ils me foutent la paix avec leurs engins à la c… Ils me font penser à tous ces gus qui se gavent d’électricité, mais qui se foutent des déchets nucléaires tant qu’ils sont enfouis au fin fond d’une campagne, loin de chez eux. »

Nous sommes, nous, la plupart des citoyens, une partie du problème. Nous pouvons nous exonérer d’une partie de notre charge en la reportant sur les politiciens (et ce ne serait pas injustifié), mais la cause même, primaire, originelle des nuisances, c’est nous-mêmes. Il faut en être conscient et agir en ce sens.

Maintenant que les élus n’en profitent pas pour s’en laver les mains. Nous n’avons que faire des Ponces-Pilotes.

Le collectif