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P…. de démocratie, chronique de campagne (5)

Il y a toujours un binôme : élu et électeur.

• Lundi 12/05/2014 • Version imprimable

Nous critiquions dans une précédente chronique, le discours simpliste, voire simplet du politique en campagne, mais l’électeur mérite-t-il mieux que des aphorismes creux, faciles.

Parce que l'électeur est malheureusement comme un actionnaire à la mode actuelle. Il veut un rendement immédiat. Surtout ne jamais entendre les mauvaises nouvelles, maximiser son profit à court terme, son pouvoir d'achat, et ne pas trop penser à l'avenir. Ce rôle d’actionnaire est renforcé symboliquement par des mesures prises récemment comme de remplacer les titres de secrétaire et receveur communaux, par directeurs général et financiers.

C’est particulièrement vrai quand on parle d’impôt, de chômage, …où chacun considère qu’il contribue à suffisance au bien-être de l’autre[i], se considérant victime des excès d’autrui. Sans critiquer le bien-fondé de ces allégations, nous voudrions insister sur le manque de sentiments collectifs. Il s’agit d’un rapport individuel à l’autre. L’intégration de la réflexion dans le contexte plus global de la société, de l’environnement humain et naturel est finalement rarement pratiquée, ni même envisagée. C’est le « moi-je » qui prédomine.

Le problème des nuisances aériennes de Zaventem que nous donnions à titre d’exemple dans une précédente chronique peut encore être utilisé ici. L’on nous racontait dernièrement la situation d’une riveraine qui, d’une certaine façon, s’indignait des plaintes de certains : « Je peux me plaindre du passage des avions, vu que j’ai décidé depuis quelques années de ne plus prendre, mais quand j’entends certains se plaindre des survols, mais en même temps, refuser la fermeture de Zaventem au prétexte qu’il faudrait aller à Charleroi (beurk) pour bénéficier de son vol city-trips, c’est choquant ». Le caractère collectif de la souffrance n’est utilisé que pour faire pression sur les politiques qui doivent vous débarrasser des problèmes dont vous êtes partiellement la cause.

Un autre exemple est celui du père de famille qui interpellait une association locale pour se plaindre de la vitesse excessive sur la route devant chez lui. Quand il a été question de ce qu’il était prêt à faire dans ce dossier, il a répondu : « Rien, je paie des impôts. J’ai signalé le problème ; il doit être résolu ». Pour lui, il s’agissait d’un problème « aussi simple » que le rebouchage d’un nid de poule.

Renforçant l’individualisme, le manque d’intérêt pour la chose publique conduit à avoir nombre de citoyens coupés de la réalité complexe de la vie en société. Ne se basant que sur des concepts simples, réducteurs, sur des idées reçues, ils se posent abusivement comme victimes. Ils se prennent pour des clients à qui tout est dû.

Alors que le niveau d’éducation a globalement positivement évolué dans notre pays, la compréhension de la situation générale est finalement faible. Est-ce uniquement dû à la complexification de cette situation ou simplement une incapacité à s’investir dans la cité ? Une de nos connaissances écrivait, en réaction à une proposition de donner le droit de vote à partir de seize ans : « Ben NON! En tout cas pas maintenant, pas sans que le système éducatif propose une réelle formation à la citoyenneté et aux enjeux politiques. Des jeunes de 16 ans, j'en connais un paquet et ceux à même d'exprimer un vote cohérent (c'est-à-dire nourri d'une vraie réflexion sur les enjeux de société et non sur des réflexions de niveau zéro style "ouais, il faut autoriser la beuh" ou "les impôts, c'est dégueulasse" ou "P'tain, ces clodos, font chier") sont une infime, mais alors très-très infime minorité. Donc, même si je passe pour un vieux réac: " Non, faut pas que les jeunes puissent voter à 16 ans"! ». Ce besoin d’instruction civique (nous aimons cette expression ringarde) est réel, mais pas seulement pour les ados. C’est un besoin réel, sinon il arrivera bientôt que tout le monde se lancera dans un city-trip lors des élections[ii].

Pour améliorer les choses, Il faudrait peut-être que l’élu redonne une place à l’électeur et à sa réflexion et abandonne cette thèse qu’il a été élu pour une mandature et que pendant son terme, il n’a finalement pas de compte à rendre.

Le collectif