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P…. de démocratie, chronique de campagne (4)

Discours pour simplets

• Lundi 05/05/2014 • Version imprimable

Nous nous référions dans une précédente chronique à un édito de Thierry Fiorilli, Rédacteur en chef adjoint au Vif/L'Express, intitulé « Slogans de campagnes et électeurs dans une logique de supermarché » ([i]) pour évoquer l’insoutenable consumérisme de l’électeur, soutenu par les slogans publicitaires des groupements politiques qui ne veulent plus cliver, ratissant large dans le corpus électoral. Des messages simples, mais sans fondement, sans pensée politique.
 « C’est caractéristique d’une époque gagnée par la démagogie. Le bon sens, cela veut dire que les choses ne sont pas compliquées. Or ce n’est pas vrai, elles sont extrêmement compliquées. C’est un bon exemple de slogan dépourvu de tout message politique.[ii] » rappelle l’historien Christian Delporte. C’est un des premiers dangers qui guettent le discours politique. Essayer de faire croire que les choses sont simples pour « ré-enchanter la politique ». Les principes qui sous-tendent nos décisions peuvent être simples, évidents, mais le contexte est lui-même complexe, la réalité difficile à appréhender, ce qui impose une nécessaire réflexion. Pensons à toutes ces fausses bonnes idées qui pourrissent la vie.
Mais que peut-on expliquer en trois minutes de reportage télévisé ou quinze minutes d’échanges de « Je vous ai laissé parler. C’est à mon tour maintenant ». Les conférences de campagne (ou hors campagne d’ailleurs) organisées par les partis n’attirent bien souvent que les afficionados ou ceux qui ont un problème à exposer. Se documenter sur le contenu des programmes, les positions, les orientations des formations politiques n’est le fait que de quelques citoyens et encore leur investissement ne peut rester que limité, à moins d’y consacrer « tout » son temps. Alors les politiques usent des formules à l’emporte-pièce et les électeurs se laissent poinçonner le cerveau sans réagir. Au point de se laisser emporter par des discours qui vont peut-être à l’encontre de leur intérêt. Dans Pourquoi les pauvres votent à droite ?[iii],  Serge Halimi, dans sa préface, fait référence à des positionnements moraux auxquels se raccrochent les plus pauvres pour continuer à exister. [Aux Etats-Unis] Peu à peu, le désenchantement apparaît, la croyance dans le progrès se délite, la crise s’installe. À la fin des années 1960, la concurrence internationale et la peur du déclassement transforment un populisme de gauche (rooseveltien, optimiste, conquérant, égalitaire, aspirant au désir partagé de vivre mieux) en un « populisme » de droite faisant son miel de la crainte de millions d’ouvriers et d’employés de ne plus pouvoir tenir leur rang, d’être rattrapés par plus déshérités qu’eux. Séduits par des discours déclamés par des gens qui finalement se soucient peu de leur sort, ils se laissent embarquer vers des horizons de souffrance.
Mais de gauche ou de droite, soyons de bon compte, le discours est et reste clientéliste. Il faut plaire à l’électeur convaincu et attirer les hésitants, les indécis, ce qui est déjà un défi. Alors, par facilité, le partenaire politique d’hier devient l’ennemi d’aujourd’hui, pour mieux s’entendre demain. Dans un pays de négociations et de recherche de consensus comme la Belgique, l’exercice en devient parfois risible, voire pathétique. Mais ce serait malheureux d’en attribuer la responsabilité uniquement aux candidats. Il y a toujours un binôme : élu et électeur.
 
 
A suivre et à bientôt,
 

Le collectif


[ii] Du même article,