Ce dimanche matin, j’avais prévu d’écrire la suite de ma chronique « Allez savoir » (1). Je me suis farci une bonne centaine d’articles sur le Net et j’avais bien l’intention d’en remettre une couche sur l’écologiste sceptique. Mais bon, les circonstances en décident autrement et le statisticien danois attendra son heure. Je préfère me défaire d’une autre mauvaise humeur.
Inter-Environnement Wallonie organisait ce week-end un « rendez-vous sur les sentiers » pour sensibiliser les habitants au patrimoine que représentent sentiers et chemins. De la promenade didactique au chantier de réhabilitation, différentes activités s’offraient aux participants. Dans ma commune, le « Groupe sentiers de Grez-Doiceau » désirait assainir et rouvrir un chemin creux typique de nos campagnes. Bordés de haies et d’arbres, des ormes, des sureaux, un frêne, ces chemins sont d’agréables lieux de passage. Refuges d’une faune et d’une flore, sorte d’oasis entre les terres de culture, ils offrent en été une fraîcheur bienvenue aux promeneurs ou aux cyclistes dans leurs déplacements. Ils rythment la promenade, adagio dans le concerto. Alors, aider à leur réouverture me semblait être une bonne action.
Ce samedi matin donc, quelques dizaines de personnes se sont retrouvées pour participer à cette action. Deux membres du collège et deux ouvriers communaux étaient venus prêter main-forte. Nous nous imaginions bien qu’il allait falloir user du courbet, de la hachette et de la faucille. Nous nous imaginions bien qu’il allait falloir retirer des déchets. Mais là à ce point… non… nous ne pouvions l’imaginer. Bâches de couverture de silos, vieux filets, cordes à ballots, dalles de trottoir, meules en bon état (dont j’ai récupéré un exemplaire), fers de charrue, bricaillons divers, vieux tonneaux, vieux pneus, fils barbelés en rouleau, mannes en plastique, à croire que tout le village avait fait de son mieux pour transformer le lieu en dépotoir. Cradingue.
Cela n’a pas découragé les bonnes volontés et la jonction entre le haut et le bas du sentier s’est faite en fin de journée. Certes, il y a encore du travail et l’administration communale devra dépêcher sur place l’une ou l’autre équipe pour continuer le travail : broyer les branchages, charger les déchets dégagés, s’occuper de ceux qui n’ont pu l’être à la main, parfaire l’action de cette trentaine de citoyens. Je ne regrette pas d’avoir participé à cette action, quand bien même mon épaule aurait à se plaindre du maniement de la tronçonneuse, mais je voudrais, comme la plupart des personnes présentes que cela serve à quelque chose, d’exemple surtout. Je me suis laissé dire que certains participants étaient de ceux qui y avaient dans une vie antérieure, vidé quelques remorques de briques et de plâtras. Une expiation bienvenue. Si d’autres pouvaient suivre et se faire pardonner leurs mauvais penchants.
Peine perdue diront les pessimistes, les adeptes de « je ne bouge pas mon c... parce que cela ne sert à rien ». Ils ont raison de dire que le problème est vaste, que les routes, chemins et sentiers sont jallonnés de canettes, bouteilles et autres détritus, de déchets de construction, particulièrement de vieilles plaques d’amiante-ciment, que les poubelles publiques sont squattées par des sacs privés. Des parcs à containers sont ouverts, mais les esprits sont encore fermés et les corps fainéants, préférant laisser à la collectivité payer le prix de leurs crasses. Cependant, je ne crois que pas que ce soit peine perdue, ce serait faire injure aux bénévoles qui travaillent au long de l’année pour la protection de nos sentiers.
Arrêtons d’être des saligauds. Il y a suffisamment d’endroits pour se défaire « proprement » et « légalement » de nos cochonneries.
(1) http://humeur.tropdebruit.be/news/allez-savoir-1 ou
http://www.vincent-engel.com/article.php3?id_article=655
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