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Lever le pied, le défi du siècle ?

• Samedi 29/04/2017 • Version imprimable

Le collectif accueille la famille , pour ses chroniques

Penchons-nous sur ce qui semble être un défi pour nombre de nos concitoyens : les limitations de vitesse.

Rappelons d’abord une chose.

Les limitations de vitesse, selon leur configuration, ont généralement pour objectifs, concomitants ou non :

  • ·         d’augmenter la sécurité des usagers (et singulièrement celle des usagers faibles)
  • ·         d’augmenter le sentiment de sécurité (et donc le cas échéant de favoriser l’usage de modes de transport doux),
  • ·         de réduire la consommation de pétrole et de réduire la pollution aux particules,
  • ·         d’augmenter la convivialité,
  • ·         de réduire les nuisances sonores.

Ainsi s’explique le 90 km/h en période de smog ou le 30 km/h en ville.

Dans différents pays, les accidents se produisent surtout en agglomération, ce qui justifie des limitations de vitesse discriminantes par rapport à l'urbanisation[1].

La résolution adoptée le 27 septembre 2011 par le parlement européen, recommande « vivement aux autorités responsables de limiter à 30 km/h la vitesse maximale dans les zones résidentielles et sur toutes les routes à voie unique des zones urbaines qui ne présentent pas de piste (ou bande) distincte pour les cyclistes, et ce afin de mieux protéger les usagers vulnérables…»[2].

À Berlin, 70 % des voies sont classées en zone 30. La commune de Lyon dispose de la plus grande zone 30 d'Europe, une zone qui couvre 500 hectares et compte 87 kilomètres de voirie. À Grenoble, depuis l'été 2016, 43 des 49 communes de l'agglomération disposent de limitation de vitesse à 30 km/h : seuls quelques axes disposent d'une possibilité de rouler à 50 km/h. La ville de Paris est inscrite dans une démarche similaire. En Belgique, des villes comme Bruxelles, Leuven, Tournai ou Namur vont dans le même sens.

Les pointes de vitesse à 50 km/h au travers des quartiers ou des centre-villes, du fait des nombreux points de ralentissement (stop, feux, encombrements, manœuvres etc.) n’ont dans la plupart des configurations aucun effet sur les temps de parcours. En revanche le 50 km/h est incompatible avec la vie locale, que ce soit en terme de sécurité, de bruit ou d’émissions de polluants locaux engendrés par les fortes accélérations inutiles.

A 30 km/h il faut 13m pour s’arrêter alors qu’à 50 km/h l’automobiliste aura parcouru 14m avant même d’avoir commencé à freiner !

Les limitations de vitesses et singulièrement le 30 km/h posent problème à certains de nos concitoyens. Les arguments régulièrement avancés sont par exemple l’augmentation du temps de parcours ou l’impossibilité de maintenir un 30 km/h réel.

Le premier argument a déjà été évoqué ci-dessus. Selon les configurations, sur un parcours de 1 km, l’augmentation est de dix à vingt secondes, rarement plus. Le conducteur qui devrait rencontrer trois ou quatre zones similaires verrait son trajet allongé de deux minutes, dans cet ordre de mesure.

Le second argument tient à la capacité de ne pas appuyer sur une pédale d’accélérateur. Les de cette chronique sont des conducteurs quotidiens qui pilotent des voitures assez différentes. Aucun n’a de problème à respecter cette limitation. (Certains viennent parfois avec des considérations techniques pour justifier cette impossibilité. Cela ne semble pas tant que ça tenir la route).

Certains vont plus loin dans l’argumentation en invoquant deux idées plus « philosophiques » : le caractère liberticide et le caractère infantilisant de ce genre de mesures.

Cette idée de parler de liberté renvoie peut-être au slogan des années 70 : « ma voiture est ma liberté ». Mais quoiqu’il en soit, il nous semble abusif d’en parler dans cette situation. L’usager n’est en rien empêché de se déplacer, tout au plus est-il « brimé » dans sa vitesse de déplacement. Mais cette brimade, très relative, ne le concerne, dans son chef, sans doute, que deux fois par jour, voire quatre. Par contre, le riverain qui en bénéficie, en profite à chaque passage de véhicule.

L’automobiliste déteste être pris pour un enfant, ce que nous pouvons aisément comprendre. Comment concevoir qu’un adulte ne puisse pas se comporter convenablement. Cela ne saurait être. Mais soulignons que les limitations de vitesse sont une partie du code de la route, qui n’est autre finalement qu’un manuel de savoir-vivre sur la route. Parfois, il faut rappeler aux enfants de dire bonjour à la dame et de remercier pour le bonbon. Plus sérieusement, encore que, les mesures mises en place le sont pour une raison particulière : le bien commun, visant ici à atteindre un ou plusieurs des objectifs repris au début de ce texte.

Les inconvénients perçus ou réels endurés par certains représentent une amélioration importante pour d’autres, sans que les premiers ne pèsent plus que les seconds. Mais cela peut et doit être l’objet d’évaluation.

Nous n’irons pas jusqu’à écrire, comme certains l’ont fait, que s’opposer à ce genre de mesure de limitation est un acte individualiste et que les  supporter peut autant être individualiste qu’altruiste. Cependant, nous ne pouvons que faire un appel à la réflexion des uns et des autres sur leur comportement personnel.

La famille .

 

Sources générales :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vitesse_maximale_autoris%C3%A9e_sur_route

https://ville30.org/

http://ville30.be/Main/Accueil


[2] Textes adoptés Mardi 27 septembre 2011 - Strasbourg Edition définitive Sécurité routière au niveau européen P7_TA(2011)0408 A7-0264/2011 Résolution du Parlement européen du 27 septembre 2011 sur la sécurité routière au niveau européen pour la période 2011-2020 (2010/2235(INI)) www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?type=TA&reference=P7-TA-2011-0408&language=FR&ring=A7-2011-0264