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Les sentiers de la gloire

• Jeudi 13/12/2012 • Version imprimable

Je n'ai jamais été banquier et ma compréhension de ces matières est relativement superficielle a été sorti de son contexte. Notre ami Maurice (Lippens) a été mal compris. Il n’a jamais prétendu être un gros nul en matière bancaire. Tant mieux, tant mieux. C’est vrai qu’être président (même non exécutif) du Conseil d’administration et ne rien y connaître, cela la foutait mal. Nous dirions même qu’à ce niveau, il avait l’air un peu c..

Il a fourni toutes ces précisions parce qu’il venait d’être inculpé, comme quelques autres, dans l’affaire Fortis. Inculpé, on a dit, pas encore coupable. Respectons la présomption d’innocence.

Donc, ces sportifs de haut niveau[1] sont soupçonnés d’avoir triché. Un tribunal néerlandais en a d’ailleurs condamné certains d’entre eux[2]. La justice belge ira-t-elle dans le même sens ? Nous verrons la suite.

Il y a chez certains une confiance presque aveugle dans leurs dirigeants. Selon les époques, ils portaient d’autres casquettes, mais tous détenaient un certain pouvoir. Mais qu’elle est leur responsabilité sociétale ? Qu’elle est leur moteur ? Qu’est-ce qui pousse De Heer Lippens ou Monsieur Mittal ? Le bien commun ou leurs biens [3]? Sont-ils réellement ces créateurs de richesses qui profitent à tous ?
Ou sont-ils (du moins certains) tout simplement peu ou prou des êtres arrogants, vaniteux, parfois intelligents mais toujours, voire cruels qui ne roulent que pour eux ? Alors, nous avons voulu faire le parallèle (peut-être osé) avec les généraux français de la grande guerre qui laissaient leurs troupes se faire massacrer dans des objectifs inatteignables et parfois si futiles, qui n’hésitaient pas parfois à diriger leur propre artillerie sur leurs soldats et à les fusiller s’ils contestaient.

Le coruscant général Robert Nivelle, passé maître dans l'art de l'autopromotion et auréolé d'une vanité assez communicative[4] est un bel exemple.

On a prétendu que garder un secret n’était pas le fort de Nivelle, et il aurait parlé de son offensive à des dames au cours d’un dîner. Il parlait également de son projet aux journalistes (sans toutefois en exposer le plan précis). Comble de malchance, les Allemands saisirent un exemplaire de son plan d’attaque dans une tranchée qu’ils avaient conquise. L'offensive qu'il déclencha n’eut donc aucun effet de surprise contre une très forte défense le 16 avril 1917, et la bataille du Chemin des Dames, également nommée « Offensive Nivelle », se solda par un échec et fut très coûteuse en vies humaines : les Alliés perdirent 350 000 hommes (morts ou blessés) pour un gain de terrain minime[5].

Un autre est le général Réveilhac, protagoniste de l’affaire des caporaux de Souain qui avait ordonné l'attaque, aurait demandé à l'artillerie de pilonner les positions françaises pour obliger les soldats à sortir de leurs tranchées[6].

Sommes-nous si loin des sacrifices que l’on demande aux populations en ces temps de crise ? Sommes-nous certains que des citoyens ne sont pas des soldats fusillés pour l'exemple[7] ?

(Mais faisons attention ces remarques pourraient être mal prises. D’aucuns pourraient se sentir visés, atteints dans leur honneur. -A lire  « Quand la France surveillait les écrans belges : la réception en Belgique des Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick ».[8]-)

Peut-être faudrait réécrire une chanson de Craonne [9]?

Quand au bout d'huit jours le r'pos terminé
On va reprendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
Mais c'est bien fini, on en a assez
Personne ne veut plus marcher
Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civ'lots
Même sans tambours, même sans trompettes
On s'en va là-haut en baissant la tête

- Refrain :
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Craonne sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés

Huit jours de tranchée, huit jours de souffrance
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la r'lève
Que nous attendons sans trêve
Soudain dans la nuit et dans le silence
On voit quelqu'un qui s'avance
C'est un officier de chasseurs à pied
Qui vient pour nous remplacer
Doucement dans l'ombre sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes

- Refrain -

C'est malheureux d'voir sur les grands boulevards
Tous ces gros qui font la foire
Si pour eux la vie est rose
Pour nous c'est pas la même chose
Au lieu d'se cacher tous ces embusqués
Feraient mieux d'monter aux tranchées
Pour défendre leur bien, car nous n'avons rien
Nous autres les pauv' purotins
Tous les camarades sont enterrés là
Pour défendr' les biens de ces messieurs là

- Refrain :
Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront
Car c'est pour eux qu'on crève
Mais c'est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève
Ce s'ra votre tour messieurs les gros
De monter sur l'plateau
Car si vous voulez faire la guerre
Payez-la de votre peau

 

Le collectif



[1] Pourquoi sportif de haut niveau ? En mémoire d’un grand dirigeant d’entreprise qui justifiait son plantureux salaire en se comparant à un sportif de haut niveau qui, chacun l’admettra, mérite pleinement ce pognon.

[3] Lakshmi Mittal, rien à fer de Florange http://www.box.com/s/bnqa6ub5wca9cht4kyow

[4] Malcolm Brown (Verdun 1916, Perrin, 2006, p. 121)

[7] http://fr.wikipedia.org/wiki/Soldat_fusill%C3%A9_pour_l%27exemple

[8]Catherine Lanneau, « Quand la France surveillait les écrans belges : la réception en Belgique des Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick », Histoire@Politique. Politique, culture, société, mai-août 2009, N°8. http://www.histoire-politique.fr/index.php?numero=08&rub=autres-articles&item=48


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