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Les riverains nous e….. (Seconde partie)

• Jeudi 23/09/2010 • Version imprimable

Les chroniques d’été sont terminées. Attendons celles d’automne. Pour patienter jusqu’à l’arrivée des châtaignes, la suite du « marronnier ».
Les gens ne supportent plus rien. Ils deviennent difficiles. La moindre chose les dérange. Que n’ai-je entendu cette antienne ces dernières années. D’abord, il est faux de croire que ce phénomène est récent. En matière de bruit par exemple, l’immixtion d’autrui dans son intimité est une sensation qui a ses siècles d’existence. Cependant, et de manière générale, la multiplication des sources d’inconfort et l’impossibilité d’y échapper sont peut-être caractéristiques de nos sociétés actuelles.

L’usager du « quad », pris par son plaisir, n’a pas conscience qu’il est peut-être le vingtième qui passe en une heure et que l’exercice de son sport prive le riverain de sa quiétude. Un autre exemple est celui des paramoteurs. A la suite d’un article informatif sur le sujet[1],  voilà ce que je pouvais lire sur un forum spécialisé : « Nous sommes dans une période où des gens bien pensants deviennent de véritables ayatollahs et sous prétexte de bien collectif ne se battent en fait que pour leurs petits intérêts. Cela ne veut pas dire que nous devons exiger de pouvoir faire n'importe quoi, ce serait suicidaire. J'espère que, comme chez nous, vous avez une fédération forte pour réfréner les instincts liberticides de ces extrémistes qu'il ne faut surtout pas prendre à la légère !!![2] ». Le riverain n’est vu que comme un individu égoïste, assassin de liberté, quand bien même, serait-elle simplement celle de polluer ou de détruire.

Dans le cas, de grandes infrastructures, d’industries, il est souvent opposé aux riverains la notion d’intérêts supérieurs qui justifieraient le rejet de toutes critiques. Le DAR[3] en Wallonie en est un exemple. En limitant aux citoyens, la possibilité de remettre en question des projets, il efface de facto le droit de chaque individu à se faire respecter. Cette notion d’intérêts supérieurs fonctionne parfois bien. Combien de personnes estiment que l’argument de l’emploi justifie de s’asseoir sur l’environnement et sur le droit des riverains. Le dossier de Zaventem est un bel exemple. En Allemagne, dans une région où l’on veut procéder à l’enfouissement de déchets nucléaires, il semble qu’il y ait peu d’opposition. Les habitants qui vivent de cette industrie font « confiance aux spécialistes » et ne trouvent rien à redire. Heureusement que les riverains français d’un incinérateur n’ont pas fait confiance aux spécialistes et ont réussi, grâce surtout à un juge d’instruction tenace, à prouver les lâchers sauvages de dioxine que les autorités tentaient de minimiser[4]. Il ne faut donc pas considérer que l’exercice de ses droits confère au riverain un statut de simple emmerdeur égoïste, il est peut-être également un grain de sable pour gripper une machine qui s’emballe. C’est d’ailleurs comme cela que les autorités (ne demandons pas de trop à tous les usagers de machines bruyantes) devraient le prendre : une source de réflexion sur notre manière de fonctionner.

Bien entendu, je suis, et vous le savez, loin d’être un naïf. Si le riverain est victime, il est aussi bourreau. Celui qui se plaint de la vitesse dans sa rue et dépasse les limitations ailleurs est certainement malhonnête, mais il ne remet pas en cause le principe des limitations. L’usager de para moteur qui se plaint par ailleurs du bruit ou du sans-gêne des automobilistes peut, en certaines circonstances, être traité de tr… du c… Dans l’exercice de ses droits, il est impératif de conserver ce minimum d’éthique qui consiste à ne pas faire à autrui ce que l’on ne veut pas subir.

 
Denis MARION
Entrepreneur sans but lucratif.