La Belgique, déchirée entre Flamands et francophones, serre les rangs contre la burqa. Dans un rare moment d’unanimité, la Chambre des représentants a voté jeudi soir l’interdiction totale du voile islamique intégral dans l’espace public, faisant du royaume le premier Etat européen à légiférer sur le sujet
Le gouvernement se ramasse sur BHV, un dossier qui finalement n’intéresse que peu de monde, même en Flandres. Dans le même temps, nos députés trouvent le temps de voter une loi sur la burqa. Mettons les choses au point. Il est opportun de s’inquiéter de pratiques d’un autre âge, comme il serait opportun de se pencher sur les messages véhiculés par la publicité ou la mode, comme il est opportun de s’indigner du sort fait aux plus démunis ou à la planète.
Les Français sont vraisemblablement plus nombreux à connaître le nombre de minarets en Suisse (quatre) et de « burqas » en France (trois cent soixante-sept (1)) qu’à savoir que le Trésor public a perdu 20 milliards d’euros à la suite d’une décision « technique » de l’exécutif.
À part les associations défenderesses des droits de l’Homme dont les avis ont été souverainement ignorés (Amnesty international, Human Rights Watch, Ligue des droits de l’Homme, Mrax…), rien n’est venu troubler la belle et courageuse unanimité obtenue à si bon compte sur le dos d’une poignée de semi-cloîtrées silencieuses qui du coup le seront encore un peu plus. [3]
Détournons les yeux des électeurs avec des symboles[4] (dont parfois, il est vrai, ils ne se foutent pas), des réels problèmes. Qu’un arrondissement ne soit pas scindé ne contrariera que quelques excités et ceux dont le fonds de commerce est essentiellement le communautaire. L’interdiction de la burqa ne concernera que quelques femmes dont il faut certes s’inquiéter du sort, mais peut-être autrement…
Les mesures anti-crises pourraient ne pas être reconduites. Des propositions de loi intéressantes seront sans doute jetées aux paniers. Le travail des parlementaires sera à recommencer, avec toute la difficulté inhérente au parcours d’un texte de loi.
« Les vrais problèmes des gens » ont à la bouche de nombreux politiques. Je préferais que l’on parle « des problèmes des vrais gens » parce que j’ai l’impression que certains élus ont quitté leur enveloppe charnelle.
[4] Quand même bien ces symboles cachent aussi des appétits financiers, de carrière,...