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Les petites vieilles à chapeau sont dangereuses.

• Lundi 16/04/2018 • Version imprimable

Le collectif  accueille , une vieille connaissance, pour ses chroniques.

(Les citations racistes ne sont pas « sourcées » par « respect » de la vie privée).
  
Ha, les petites vieilles à chapeau.

Celles à qui l’on prête attention à cause de l’originalité de leur couvre-chef ou parce que notre éducation nous y amène. Et puis, à quelques exceptions près, les traits s’estompent et le reste s’oublie, même le chapeau. C’est toujours un peu cruel de constater que certain-e-s n’impriment pas la rétine.

Pourtant, les petites vieilles à chapeau ne peuvent se laisser donner le bon dieu sans confession. Elles peuvent être féroces, et pas spécialement par leur humour, et leur vision de la charité (ici chrétienne) est souvent à géométrie très variable. J’en ai suivi une, pas dans le rue mais  sur Facebook. La férocité s’accommode de la distance virtuelle. Au fil des statuts personnels ou des partages (non commentés), on se demande où elle s’arrêtera.

Ni les étrangers, ni les jeunes « Sur terre nous sommes près de 8 milliards et curieusement c'est là où il y a le plus de jeunes que tout va mal ! »et encore moins les jeunes étrangers, d’autant que « c’est officiel, des centaines de millions de Noirs vont bel et bien envahir l’Europe » ne trouvent grâce à leurs yeux.

Kim K. en princesse arabe.
Au fil des statuts et des partages, nous nageons dans une fange nauséabonde, où la haine de l’autre est LE fil conducteur. Des hordes de barbares prêtes à nous égorger sans pitié, dont la seule volonté est de mettre à mal nos valeurs et cultures chrétiennes et/ou européennes. « La Charia est incompatible avec les valeurs occidentales.  »

Mais ils faudrait s’entendre sur ce que sont ces valeurs occidentales pour ces admirateurs d’Orban qu’ils vénèrent pour avoir « dès son accession au pouvoir, gravé dans le marbre de la Constitution deux des valeurs les plus chères à son peuple: le christianisme et l'esprit de famille » qui impliquent semble-t-il la soumission de la femme à l’homme.

Il est vrai, la Charia, ce n’est pas cela. Il faudrait me torturer pour que j’admette que c’est sous un tel régime que je désirerais  vivre.

Mais est-ce tellement mieux en Europe ? Parce que c’est bien en Europe avant tout que doivent vivre ces valeurs occidentales. Mais lesquelles ? Des valeurs d’ouverture, d’égalité, de partage. Ou tous, hommes, femmes, quelle que soit l’orientation sexuelle, la religion, etc… ont les mêmes droits.

C’est ça ?
 
Ben, non… enfin pas partout. 

Parce qu’il existe une vision des femmes qui ne seraient bonnes qu’à être bonniches et pondeuses de mouflets, qui sont les premières responsables de leur viol ou qui ne pourront, peut-être, avorter que si leur vie est vraiment, vraiment en danger.

Parce qu’il existe une vision des homosexuel-le-s qui doivent être mis-e-s au ban de la société, jeté-e-s hors de NOS églises pour leurs crimes contre-nature.

La Hongrie de Orban (déjà citée) est, de ce point de vue, « exemplaire » et n’est pas en reste avec la Pologne.
Sur le viol par exemple: «Tu y es pour quelque chose. Tu peux faire quelque chose pour éviter ça.»

Dans leur manuel scolaire de sciences naturelles, les collégiens hongrois apprennent désormais que "les garçons et les filles (...) n’ont pas les mêmes capacités physiques et aptitudes intellectuelles". Et dans le livre destiné aux nouveaux cours de morale obligatoire, ils se voient avertis qu'"avoir des relations sexuelles hors mariage est un péché". Les écoliers rêvassent sur des illustrations qui réduisent la femme à son foyer, ils apprennent par cœur des poèmes et des chansons célébrant la mère traditionnelle, écoutent des histoires où l’épouse qui ne fait pas briller sa maison comme un sou neuf est punie par son mari. [i]

Donc, ici ou là en Europe, des valeurs occidentales et, disons-le, carrément chrétiennes, moins charitables qu’exclusives, sont ancrées dans la population, en des proportions diverses. Outre la Pologne et la Hongrie, citons pêle-mêle, l’Irlande rurale, la France des catholiques « tradis » et de (certains de) leurs évêques, l’Espagne conservatrice. Il y aurait sans doute beaucoup d’exemples d’hommes ET de femmes qui veulent au mieux imposer leur ligne « philosophique » à tous, au pire, discriminer (Mgr Philippe Barbarin  […] a brandi le spectre de l'inceste et de la polygamie[ii] à propos du mariage pour tous) voire violenter ceux qui ne sont pas dans le moule[iii].

Que l’on s’inquiète de la radicalisation musulmane est normal et salutaire, mais que l’on ignore systématiquement, sous prétexte que l’Europe a des racines chrétiennes, la tendance lourde à un retour d’un conservatisme œcuménique aussi violent est particulièrement dangereux. Les dérapages des uns ne justifient aucunement de fermer les yeux sur ceux des autres.

Ne pas réagir à cette haine de l’autre est criminel.

 
 
PS.

Il ne s’agit pas de remettre en question le fait de croire, mais de mettre en évidence ces éléments bien souvent communs à la plupart des mouvements religieux d’envergure:

·       La religion, si elle ne conduit pas par elle-même à la haine de l’autre, a ses partisans radicaux qui augmentent en nombre.

·       La religion, même si rien dans ses textes ne l’impose, a une vision négative de la femme ou de certaines orientations sexuelles, soit dans ses institutions, soit au sein de ses groupes radicaux.

·       La religion finit par avoir des problèmes avec la science, ne serait-ce qu’avec la théorie de l’évolution.

 
Autres sources :