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Chronique de campagne: l’indépendance ne devrait pas se payer

• Mardi 03/07/2018 • Version imprimable

Au collectif , nous sommes quelques-uns à jouer les citoyens indépendants dans les arènes municipales. En temps normal, c’est déjà difficile. Mais en période d’élections communales, c’est encore pire. On ne dira jamais les souffrances infligées aux citoyens indépendants. Ces citoyens qui ont pris l’habitude de s’occuper activement de la chose publique, de la Cité, certains voudraient tellement pouvoir les mouler, leur passer l’uniforme d’une quelconque coterie. Avant la campagne, on nous soupçonne de vouloir préparer notre candidature. Et quand il faut en faire acte, et que nous ne sommes pas là où on nous attend, c’est-à-dire sur une liste, on n’abandonne pas le soupçon.

Nous devons cacher quelque chose, un amour plus ou moins coupable pour un adversaire. Et ceux qui portent ces suspicions, ce sont autant d’autres concitoyens, que des candidats et leurs partisans. Ils nous prêtent plus d’intentions que d’attention et veulent à tout prix nous encager, voire embastiller. Ce serait si simple de pouvoir nous mettre dans une case. Mais comme ils n’y parviennent pas, ils veulent ardemment savoir pour qui ces affranchis roulent et font hardiment des propositions à ce point contraires que nous devrions appartenir à peu près à toutes les équipes.

Mais pourraient-ils arrêter de nous prêter leurs défauts ? Nous ne voulons pas naviguer dans ces eaux troubles, prendre parti dans ces luttes, parfois intestines, souvent stériles, où la défense de projets est en fait plus celle de l’ego ou affaire de chausse-trappes. L’important pour nous est d’atteindre des/nos objectifs avec ceux qui ont vraiment envie de collaborer. Et ceux-là, nous les trouvons presque dans tous les partis. Parfois, c’est leur chef qui les emmène. D’autres fois, ils sont brimés par leur groupe ou leur leader Maximo. Mais ils sont là. C’est avec eux que nous désirons travailler. C’est malheureusement impossible quand les volontaires se font « encarcaner » par leurs pairs. Mais c’est ça notre idée. Travailler de concert avec les gens qui le veulent, ceux qui croient à une sincère collaboration.

Parce que le renouveau de la politique passera par un abandon de la particratie, voire même de la représentation telle que nous la connaissons, il est nécessaire de passer à d’autres modes de fonctionnement. Au niveau local, puisque les élections communales approchent, il est impératif de réfléchir à d’autres manières d’élaborer les décisions et donc les projets sous-jacents. La plupart de ces derniers mériteraient et supporteraient d’être traités selon un modèle de co-construction. Cela suppose un changement de fonctionnement pour les partenaires potentiels : les élus, l’administration et les citoyens. Il existe déjà des possibilités comme les commissions locales de développement, mais leur fonctionnement se fait dans un cadre précis, institutionnel qui ne se prête pas à tous les projets. Elles sont utilisables, mais sans doute conjointement à d’autres méthodes, moins rigides, comme les Agoras, le travail en cercles, etc…

Le Collectif


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Commentaires

par Yves le Jeudi 04/12/2025 à 17:20

 

Chronique de campagne : défendre l’indépendance quand tout pousse à l’assignation

Au collectif Calvin & Hobbes, nous sommes quelques-uns à pratiquer l’engagement citoyen en tant qu’indépendants. En temps normal, ce n’est déjà pas simple. Mais lorsqu’arrivent les élections communales, la situation se tend jusqu’au point d’absurde. L’indépendance, pourtant gage de sincérité et de cohérence personnelle, devient alors suspecte : elle dérange, elle échappe, elle refuse d’entrer dans les moules.

On cherche à nous étirer, à nous lire sur la longueur, comme si nos intentions se déroulaient d’un seul trait, parfaitement prévisibles. Une volonté de simplification qui contraste avec la liberté souple que l’on retrouve dans des silhouettes aux lignes étendues, ces formes qui refusent justement d’être réduites à une seule direction.

Très vite, les soupçons apparaissent : « S’ils ne sont pas sur une liste, c’est qu’ils cachent quelque chose. » Les discours deviennent rugueux, parfois brutaux, comme certains tissus francs du quotidien, proches de la texture solide que l’on associerait à des matières robustes. L’engagement citoyen, pourtant volontaire et bénévole, se retrouve heurté par la suspicion.

Les partis voudraient tracer nos contours, nous assigner une géométrie précise : être « de ceci », « contre cela », « sûrement pour eux »… Une tentative de cadrage qui rappelle les lignes nettes, presque rigides, visibles dans des pièces aux contours affirmés. Or l’indépendance refuse ce découpage : elle se pense en nuance, pas en case.

Dans la campagne, les conversations ondulent pourtant : elles changent selon les rues, les rencontres, les attentes des habitants. Ces oscillations politiques évoquent les variations fines perceptibles dans des modèles aux plis mobiles. L’indépendant écoute, s’adapte, reformule, sans jamais jurer fidélité à un appareil.

Beaucoup aimeraient que tout soit clair, tranché, binaire. Mais l’indépendance ressemble parfois à une page blanche : un espace où rien n’est décidé d’avance, où les engagements se dessinent selon les valeurs du moment et non selon une ligne héritée. Une liberté visuelle et morale qui fait penser aux créations lumineuses visibles sur des modèles épurés. L’absence de couleur imposée dérange ceux qui préfèrent les uniformes.

Et puis il y a le regard social : ces petits éclats de jugement, de rumeurs, de projections. Ils brillent parfois d’un attrait trompeur, comme si dévoiler « pour qui roule l’indépendant » résolvait soudain tout. Ces reflets, séduisants mais superficiels, rappellent la brillance discrète des tissus que l’on rencontre sur des pièces légèrement satinées. Ils éblouissent un instant, mais ne disent rien du fond.

On prête souvent aux indépendants plus d’intentions qu’on ne leur accorde d’attention. On cherche à les enfermer là où ils ne se trouvent pas. Pourtant, leur démarche est simple : observer, participer, proposer, sans prêter allégeance à une écurie. Une posture exigeante, certes, mais essentielle dans une démocratie qui souhaite entendre d’autres voix que celles des appareils.

L’indépendance ne devrait pas se payer, encore moins se justifier sans cesse. Elle devrait être accueillie comme un souffle, une respiration, un espace où le citoyen ne cesse pas d’être lui-même pour entrer dans un moule.