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Les Chinois à Charleroi.

• Dimanche 20/01/2008 • Version imprimable

Bierset, «la plus grande buvette de Wallonie» titrait Trends au mois d'août.  « L'aérogare est flambant neuve... mais désespérément vide. Une étude d'Arthur D. Little souligne le potentiel économique de l'aéroport de Liège. Pourtant, entre le départ de plusieurs compagnies cargo et le recul du fret, Bierset n'est pas au mieux de sa forme. Du coup, l'aérogare est louée comme une vulgaire salle des fêtes »
Une nouvelle aérogare pour Charleroi, 125 millions pour les beaux yeux de Ryanair.
Peut-être une nouvelle jetée pour les low-costs à Zaventem, quoique ce projet aurait du plomb dans l’air.
« Quel dynamisme ! » scandent nos milieux politiques et d’affaires.



Mais tout cela a un coût.

« Très chères compagnies Low Cost » écrivait Yves Kengen dans le Luxemburger Wort en parlant des aides et des avantages dont bénéficie Ryanair à Charleroi. Et Ryanair représente 90% de l’activité carolo. Si Ryanair fout le camp, Charleroi est foutu.
Très chère TNT à Bierset, quand on lit un mémorandum de 2002 de maître Misson, sur l’aéroport liégeois. La compagnie peut mettre les voiles sans payer d’indemnité nous laissant avec une superbe piste de rollers.  Avec la superbe buvette, évoquée plus haut, et le TGV fret, on pourrait tout reconvertir en une superbe attraction européenne : Wa(llonie)-Li(dge)-Bi(erset).
«Les pouvoirs publics ont consacré en tout plus de 700 millions € à Bierset depuis 1998, si l'on inclut le budget affecté aux missions déléguées (expropriations, isolations, etc.). L'aéroport de Liège est presque un plan Marshall à lui tout seul ! Les pouvoirs publics ont financé à Bierset les emplois les plus coûteux de Wallonie» disait un député wallon.
Très chère Macquarie, dont la filiale, Macquarie Bank, s’est faite payée 9,65 millions d'euros pour avoir apporté son assistance à Biac (Bruxelles-National), la société que sa maison-mère a achetée, à un prix nettement sous-évalué (on parle de plusieurs centaines de millions d’euros).
Et voilà que les aéroports wallons veulent aussi se faire racheter pour partie. Mais à défaut de trouver des acheteurs culottés… de bermuda (1), ce seraient des porteurs de tongs. Est-ce qu’ils auront aussi droit à des clauses secrètes pour tout faire sans limites comme à Zaventem. Dommage que Jean Yanne ne soit plus là pour tourner « Les Chinois à Charleroi ». (bande annonce du film)

Mais tout cela a un coût.

Le coût environnemental, pas seulement le CO², mais aussi les autres polluants  comme les oxydes d’azote (2) responsables de la production d’ozone à basse altitude.  A Charleroi, n’y aurait-il pas régulièrement des pics d’ozone (3) ? On limite la circulation automobile, l’activité industrielle, mais je n’ai jamais rien entendu sur une limitation du trafic aérien. Sans oublier aussi et parmi d’autres exemples, les avions d’un « tour-operator » qui, décollant de Zaventem, font arrêt à Liège pour embarquer quelques pékins.
Et le bruit aussi. Mais on isole, rassurez-vous. Hum, hum ! Là-dessus, à « Bruxelles Sud », on voudrait allonger la piste pour des vols longs-courriers, ce qui signifie des avions plus gros, plus lourds et plus bruyants.

Jésus, Marie, Joseph, jusqu’où vont-ils aller ?  On ne nous épargne pas les cantiques sur la lutte contre le réchauffement, mais ils sont certainement chantés par des religieux non pratiquants.

Et tout cela, à un coup d’aile

Lille, Courtai, Ostende, Anvers Bruxelles, Liège, Charleroi et retour, (j’aurais pu rajouter Maastricht et Luxembourg)  une nouvelle escapade pour un week-end, le tour des aéroports, 532 km, environ 4 heures 53 minutes. Que des autoroutes, à votre aise.

  • Lille-Charleroi: 122 km – environ 1 heure 13 minutes
  • Zaventem-Charleroi: 71,1 km – environ 47 minutes
  • Zaventem-Lille: 129 km – environ 1 heure 18 minutes
  • Zaventem-Bierset: 88,8 km – environ 50 minutes
  • Zaventem-Deurne: 45,8 km – environ 30 minutes
  • Bierset-Charleroi: 80,7 km – environ 51 minutes
  • Ostende-Zaventem: 122 km – environ 1 heure 8 minutes
Sans compter Amsterdam et Paris à une heure et des rawettes  en TGV de Bruxelles.

Il faut l’écrire pour le croire, autant d’aéroports dans un mouchoir de poche. Et tous veulent se développer.

Bah, diront les cyniques, cela fera le bonheur des pharmaciens et des médecins.

 
Denis Marion.

PS. Apparemment, les subventions d’Inter-Environnement Wallonie sont toujours bloquées.

(1)     Brussels Airport appartient à une société basée aux Bermudes.

(2)     Le dioxyde d'azote NO2 pénètre dans les plus fines ramifications des voies respiratoires. Il peut, dès 200 µg / m3, entraîner une altération de la fonction respiratoire et une hyper réactivité bronchique chez l'asthmatique, et, surtout, chez les enfants, augmenter la sensibilité des bronches aux infections microbiennes. Mais, surtout, ce polluant primaire, c'est-à-dire directement émis dans l'atmosphère par l'homme, intervient dans le processus de formation d'ozone dans la basse atmosphère.