«Une association peut se substituer aux pouvoirs publics défaillants. C’est un progrès, mais beaucoup reste à faire.»
David contre Goliath... Pot de terre contre pot de fer... Ne rien faire. Qui point se mêle, point se démêle. Autant d’expressions que l’on me sert régulièrement pour justifier l’immobilisme, autant de prétextes pour cacher sa paresse ou ses peurs. Il n’est pourtant point nécessaire d’espérer pour entreprendre. Qui ne dit mot consent. Aide-toi et le ciel t’aidera. Autant de contre expressions pour nous pousser à agir, mais il est effectivement plus confortable de ne rien faire et de se « complaindre ». Abuser du « Ils » pour justifier tous nos maux, toutes nos faiblesses. L’écrivain français Daninos a, dans plusieurs de ses essais humoristiques, pourfendu cet usage (très français croyait-il) de recourir au pronom de la troisième personne du pluriel. Mais cet usage est bien présent aussi dans notre pays, comme dans d’autres certainement.
Une association comme Bruxelles Air Libre ne s’est pas arrêtée à ces phrases creuses qui ne font pas avancer les choses. Quand Bruxelles Air Libre a constaté qu’aucun politique ne ferait rien débloquer (avec de bonnes ou moins bonnes raisons) le dossier des vols au-dessus de Bruxelles, elle a décidé d’agir. La Région bruxelloise était en droit de lever des astreintes pour faire cesser les infractions à ses normes de bruit, mais son gouvernement était divisé sur l’opportunité d’une telle démarche, surtout quand le débiteur, l’État fédéral, menaçait d’une rétorsion éventuelle. Que cela ne tienne, l’association s’est lancée dans la bataille, en mobilisant toutes ses forces vives pour rechercher, en collaboration avec leur avocat, dans tout notre arsenal juridique, la faille, le biais, le pied-de-biche, le coin, le moyen de débloquer la situation. Elle l’a trouvé, elle y est allée et elle a gagné (en première instance, en tout cas). Elle peut maintenant se substituer à la Région bruxelloise et réclamer les astreintes à l’État fédéral. Le ministre interjette appel, mais cet appel n’est pas suspensif.
Dans ce dossier, comme dans bien d’autres en matière environnementale, je dois constater que l’apport des associations est considérable. Elles développent une expertise propre ou par le biais des réseaux qu’elles ont créés et l’utilisent pour trouver des issues à des dossiers bloqués. A maintes reprises, des associations, des groupes de riverains ont pu démontrer la stupidité d’un projet, démonter l’argumentation fallacieuse (1) d’un promoteur et apporter des solutions alternatives, profitables à tous ou moins dommageables.
« Les citoyens qui observent les politiques ont acquis une capacité critique inédite » est ce que j’écrivais, il y a un an, dans la revue Mille Decibels. (2) Les citoyens s’organisent, se relient, s’interrogent, proposent même si ce sont d’autres qui disposent. Pluralistes plutôt qu’apolitiques, ils veulent que les projets proposés soient compatibles avec la vie et le cadre qu’ils souhaitent. Certes, tous n’ont pas raison, mais est-ce pour autant les politiques qui ont raison ?
A Bruxelles, le citoyen a repris la main parce que la situation politique était bloquée. Les uns et les autres se renvoient la balle, aucun ne voulant prendre de décision qui mécontenterait, qui, l’appareil de son parti, qui, ses électeurs. Bruxelles Air Libre a pris ses responsabilités, au Ministre Landuyt de prendre les siennes.
Soit le ministre profite de l’opportunité pour modifier sa politique, soit il n’en tire aucun enseignement et poursuit dans la même voie. Le ministre ne s’est pas montré opportuniste et a poussé des cris d’orfraie. C’est Zaventem que l’on assassine. Tant de mensonges proférés au nom d’un aéroport si peu national ! Seuls 3 % à 5 % des vols sont concernés. Nous sommes loin du blocage de l’infrastructure.
Saint Aéroport dont on ne peut méconnaître les bienfaits, il suffirait de peu pour effacer tes quelques péchés véniels (encore que mortels pour moi). Il suffirait peut-être que la Région flamande adopte les mêmes normes (encore fort peu contraignantes) que la Région bruxelloise, pour que les survols de poubelles cessent ou se fassent à des heures de bons chrétiens. Mais un tel saint ne mérite pas que l’on doute et rien ne doit entraver (ou entacher) son culte. Ce n’est donc pas pour demain que l’on aura une gestion environnementale de ce site. Mais quand les astreintes seront levées, le ministre devra faire autre chose que de gagner du temps.
Tout cela pour dire aux fainéants, aux peureux, aux « les autres le feront bien », aux « je suis fort occupé », aux « j’ai autre chose à faire », aux « vous avez bien le temps, vous » : il est temps que vous investissez, d’une manière ou d’une autre, plutôt que de râler. Il y a moyen de faire bouger les choses. J’en ai l’expérience.
Comment on dit pasionaria au masculin ?
PS. Il n’y a bien entendu pas que les associations environnementales qui méritent votre attention.
(1) Par exemple, dans un dossier d’implantation d’antenne GSM, le montage photographique présenté par l’opérateur ne correspondait en rien à l’impact visuel réel.
(2) mille Décibels
Et les écolos c'est quand qu'ils bougent ? A quoi ça sert de militer dans un parti vert si c'est pour ne pas broncher lorsque l'environnement est en danger ? Faut qu'on m'explique !!!! Y en a marre que ce soit les citoyens qui doivent faire tous le boulot. Y a des élus pour ça, et si même les élus écolos s'en foutent (hello Evelyne H) alors moi je dis "marre". Y z'ont qu'a faire leur boulot ces planqués (salut Evelyne H)