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Lâchez-nous les baskets

• Mercredi 22/08/2012 • Version imprimable

Les jeux olympiques sont terminés et c’est un bonheur. Du pain, des jeux et du pognon.
Arrêtez de nous bassiner avec ce sport. Ces grands événements sportifs sont une cause de dépenses publiques inutiles dont il ne semble pas être aisé à prouver le retour sur investissements. Si, si. Ha bon. L’emploi local se porterait mieux grâce aux jeux olympiques. Pourtant, à en croire les Londoniens, ce n’est pas exactement le cas.
Les déploiements de forces de l’ordre suggèrent également un pays en guerre, où la démocratie a cédé le pas à la dictature d’un comité et de ses sponsors.
“Nous nous trouvons face à quelque chose qui dépasse les geignements habituels des Britanniques, grâce auxquels ils cherchent à se réconforter”, suggère Dan Hancox, écrivain. “Les Jeux olympiques contrarient profondément les gens.” Sur Twitter, il écrit que pour les Londoniens, “c’est comme si quelqu’un faisait une fête chez eux, avec un prix d’entrée exorbitant, et qu’ils étaient tous enfermés à la cave”. “Les infrastructures de transport ont été fermées comme si nous nous préparions à un conflit militaire”, dénonce-t-il dans un entretien. “Ils disent aux entreprises de faire des stocks, ils conseillent aux gens de rester chez eux – il ne faut aller nulle part - ne prenez pas le métro, restez sur votre canapé - comme si c’était pour notre propre sécurité. Il y a une armée dans nos rues. Nous sommes sur le pied de guerre, et ce n’est pas une chose, après 60 ans de paix, que les Britanniques apprécient.[1]
Mais diront certains : « C’est la fête du sport ». Et pourtant, au Collectif , nous serions plutôt d’accord avec Michel Caillat, sociologue du sport.
Le « mythe olympique » est une conception du monde qui présente le sport olympique comme l'art appliqué à la justice, l'égalité et plein d'autres valeurs. Ces idéaux font consensus. Pourtant présenter l'olympisme comme le socle de la fraternité planétaire et de l'amitié entre les peuples est tout à fait illusoire. Les JO reposent au contraire sur la compétition permanente, et notamment la compétition entre nations. Cet idéal olympique est un échafaudage politique et idéologique. On nous rabat ce discours à grand renfort de télévision et de flux incessants d'images[2].
Ce sport n’est qu’une affaire de gros sous où vous pourriez perdre vos médailles si vous ne vous montrez pas avec le bon sponsor[3].
 
Nous nous plaignons régulièrement du FMI et de la Banque Mondiale, à cause de leur non représentativité démocratique et des pressions qu’ils exercent sur les pays. Mais ces comités sportifs ne sont guère différents et les pressions sont aussi, voire plus importantes. Les populations locales ne sont guère consultées et rarement épargnées. La loi des sponsors est plus forte que celles des états.
Le projet de loi, en principe, permet la vente de bière dans les stades pendant le tournoi, afin de passer outre les lois en vigueur interdisant la pratique. La vente d’alcool a été interdite dans les stades lors des matches de football depuis 2003, mais la nouvelle législation ne fait aucune mention des restrictions pendant la Coupe du monde Brésil 2014. Le Brésil s’est incliné sous la pression de la FIFA pour inverser la loi pour l’événement, avec le secrétaire général de la FIFA, Jérôme Valcke, en indiquant clairement que le droit de vendre de la bière doit être inscrit dans la législation[4].
 
Les organisations citoyennes locales s’insurgent contre ces pratiques favorisant indument les entreprises.
Dans [un] document “Grands événements et violations des droits de l’homme au Brésil”, les Comités citoyens de la Coupe du monde – des associations de militants implantés sur les sites du tournoi [portalpopulardacopa.org.br/index.php]– fustigent un modèle qui permet aux « entreprises nationales et internationales de soumettre le pays et les citoyens à leurs caprices ou plutôt à leurs intérêts. »
 
Alors quand, le c… dans notre fauteuil, nous regardons « évoluer » vingt-deux gugusses sur un terrain, des voitures polluantes, ou un(e) athlète dopé(e), disons-nous bien que nous sommes complices de fameux crimes commis au nom du « Sport ».
 
Collectif