En jouant sur les peurs, les angoisses, les besoins largement créés, l’hyperconsommation, le citoyen voit son avenir réduit à l’image d’un porte-monnaie, d’une bourse qui se dégonflerait inexorablement. Le pouvoir d’achat, que nous avons déjà abondamment traité dans ces chroniques, est devenu une obsession telle qu’elle aveugle le citoyen, qui ne sait plus ce qu’il achète, ni d’ailleurs pourquoi.
Cela signifie que lorsque les travailleurs français sont capables de produire leurs machines, leurs usines, leurs immeubles, leurs infrastructures, etc., à un prix total de 100 euros par an (incluant la marge de profit), il en coûte en pratique entre 150 et 170 euros par an aux entreprises qui utilisent ce capital productif, du seul fait qu’elles doivent s’acquitter d’une rente, sans justification économique, aux apporteurs d’argent. Un tel surcoût du capital n’a rien de nécessaire ni de fatal. Durant la période 1961-1981, qui a précédé le « big bang » financier mondial, il était en moyenne de 13,8 %. Il était même devenu négatif à la fin des « trente glorieuses » (1973-1974), du fait de la résurgence de l’inflation.[…] Seul un âne peut supporter une charge équivalente à 70 % de son propre poids..
A l’heure où il faudrait entamer la transition écologique et sociale de nos économies, on pourrait penser qu’un projet politique authentiquement social-démocrate devrait au moins se fixer cet objectif : libérer la puissance d’action des gens entreprenants, des salariés, et de tous ceux qui recherchent le progrès économique et social, du joug de la propriété et de la rente. Liquider la rente, plutôt que le travail et l’entreprise.
Une telle ambition est certes hors de portée d’un homme seul — fût-il « normal ». Mais c’est sûrement à la portée d’une ambition collective. « Cela ne veut pas dire, nous a déjà prévenus John Maynard Keynes, que l’usage des biens capitaux ne coûterait presque rien, mais seulement que le revenu qu’on en tirerait n’aurait guère à couvrir que la dépréciation due à l’usure et à la désuétude, augmentée d’une marge pour compenser les risques ainsi que l’exercice de l’habileté et du jugement. »
A ceux qui y verraient s’avancer la fin du monde, Keynes proposait une consolation : « Cet état de choses serait parfaitement compatible avec un certain degré d’individualisme. Mais il n’impliquerait pas moins l’euthanasie du rentier et, par suite, la disparition progressive du pouvoir oppressif additionnel qu’a le capitaliste d’exploiter la valeur conférée au capital par sa rareté. »
Mme Schilke contacte alors un expert indépendant de Detroit, qui, dans un échantillon d’air prélevé au-dessus de la ferme, décèle plusieurs substances : benzène, méthane, chloroforme, butane, propane, toluène et xylène — tous communément associés à l’extraction d’hydrocarbures par fracturation hydraulique, ou fracking. Dans son puits sont aussi détectées d’importantes quantités de sulfates, chrome et strontium. Des liaisons neurotoxiques sont découvertes dans son cerveau, et, dans son sang, des traces de plusieurs métaux lourds. En tout, elle a perdu cinq vaches, deux chiens, plusieurs poules et une partie de sa santé[ii].
Ainsi le Monde, à en croire une affaire récente de « censure », préfère louer les gaz de schiste que se préoccuper de l’opportunité d’un nouvel aéroport. L’affaire Hervé Kempf[iii] mérite notre attention parce qu’elle démontre finalement que la défense de l’environnement, ou à tout le moins la compréhension des enjeux, n’est pas en odeur de sainteté.
Il met en lumière les conséquences désastreuses de l'hyperconsommation et de l'obsession du pouvoir d'achat, tout en appelant à une transition vers des modèles plus durables et équitables. Servitech