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Indignation (partie 1)

• Mercredi 19/01/2011 • Version imprimable

INDIGNATION : sentiment de colère et de révolte suscité par tout ce qui peut provoquer la réprobation et porter plus ou moins atteinte à la dignité de l'homme.

« Indignez-vous ! » écrivait mon éminent voisin Jean-Louis Lippert sur http://blog-a-part.eu/  en en remettant une bonne couche sur Stéphane Hessel. « Fadaise et calembredaine » répondent des chroniqueurs comme Elisabeth Lévy ou Eric Zemmour. Comme si l’indignation pouvait être une vertu, ainsi comprenais-je leur discours.

Mais mes petits chroniqueurs, l’indignation est bien une vertu… La première étape pour celui qui veut quitter son état de béni-oui-oui ou de collaborateur. Sans doute que les indignations de Mr Hessel ne conviennent pas à nos hérauts de l’anti-politiquement correct, prétextes à des dérapages racistes dit-on. Bien entendu que tous les motifs d’indignation ne se valent subjectivement pas… Marcher dans une crotte de chien porte peut-être atteinte aux sinus, éventuellement à l’orgueil, mais à première vue, pas à la dignité, encore que certains confondent. Cela ne remet pas en question l’importance psychologique et citoyenne de l’indignation.

Et là, pour l’instant, l’indignation est poussée bien loin. Si certains, en Belgique, se contentent de jouer les SDF ou les campeurs virtuels au 16 rue de la Loi, d’autres réchauffent réellement l’atmosphère dans une immolation protestataire. Ces actes ont eu des conséquences claires, précises, la chute d’un régime, peut-être celle d’autres sans que nous ne soyons assurés des voies qui seront prises. Le soutien à Ben Ali en vue de contenir des extrémismes était peut-être un mauvais calcul.  La realpolitik est pour beaucoup la seule manière de faire de la politique. Assaisonnée de bêtise, elle conduit une ministre française à proposer les services de sa police. Je frissonne et je m’indigne quand je vois un état européen envisager d’aider une dictature à réprimer ses opposants. Mais je frissonne et je m’indigne aussi quand j’entends des touristes se plaindre de devoir quitter un lieu de vacances, bousculés dans leur train-train par des malcontents ou un chef d’entreprise s’inquiéter de la sécurité de ses investissements. Une dictature est bien entendu plus confortable pour ces gens.  Mais ne les accusez jamais d’être les complices d’un autocrate. Ils s’indigneront.

En Belgique, mes concitoyens réagissent aussi, abandonnent leur passivité, plantent leur tente ou iront manifester. Ce sera peut-être un feu de paille, mais pour l’instant, ils donnent l’impression d’être plus que des consommateurs.

Denis Marion
Entrepreneur sans but lucratif