Il était une fois un projet de zoning, aux marches d’une petite ville, non loin d’un grand axe routier. Pour des raisons d’expropriation, le lancement prend du retard. Certains y résistent. Mais plutôt que d’attendre, on lance les premières constructions sur les terrains les plus éloignés de l’autoroute. Au début, cela ne pose pas trop de problème, mais au fil du temps, la circulation augmente et génère des embouteillages. Le site est d’ailleurs fort loin d’une gare et les transports en commun peu développés. On se dit qu’il faut construire de nouvelles infrastructures pour absorber tout ce trafic. Des solutions sont proposées. Des contre-propositions se font jour, aussi efficaces, mais plus originales. Elles sont balayées. En sus, (ré)apparaît l’idée d’un contournement, que l’on vend comme le remède miracle à la congestion de la ville toute proche. Certains disent que c’est un mensonge. D’autres prétendent que c’est un moyen de valoriser des terres et de se faire de l’argent. Allez savoir. Qui prendra le temps de rassembler plusieurs lustres d’avancées, de reculs, de duperies ou de vérités.
Tout ceci n’est bien entendu qu’un conte…
Le citoyen se trouve bien souvent dans la situation de cette grenouille dont on réchauffe lentement le bocal jusqu’à l’ébouillanter. Il ne se rend compte de rien (ou ne veut pas), on le berne, on le manipule. Il se laisse faire par paresse ou par intérêt, parce que les arguments lui plaisent, sous la pression ou par peur. Cela est vrai de beaucoup de choses, de choses lointaines dans le temps ou l’espace, d’autres très proche. Est-ce pour autant que l’on veuille tout le temps et sciemment le manipuler. Même pas je pense. Cela vient ainsi parfois, sans que personne n’en soit réellement responsable, parfois des marchés anonymes, des circonstances particulières, qu’en sais-je ?
Mais la grenouille parfois se réveille, se rend compte de la chaleur intense, veut fuir, se révolte. Le citoyen se rebiffe, s’indigne, comme le recommande un Stéphane Hessel. Parfois, il va trop loin, développant une attention, une méfiance, confinant à la paranoïa. Pour autant, cette extrémité même est peut-être salutaire pour la société. En remuant le bouillon, la grenouille citoyenne va peut-être entraîner avec elles d’autres batraciens. Tous n’iront pas au bout de leur révolte. Certains le feront avec intelligence et dialogues. Mais, tous auront bougé, sauté hors de la marmite.
En quoi ces mouvements seraient-ils salutaires pour la société ? Ne serait-ce que pour rendre de la valeur aux métiers de citoyen, d’élu, de gestionnaire public. Rendre de l’épaisseur, de la chair, à une démocratie certes imparfaite. Rétablir des espaces de dialogue, sur un pied d’égalité, entre citoyens.
Mais qu’est-ce qui conduit les gens à cette méfiance paranoïaque, à ce manque de confiance ? Certes, les scandales récurrents, et pas seulement dans le monde politique, y sont pour beaucoup de choses. Sans doute aussi celui qui abandonne ses cécité et surdité complaisantes, se sent trompé, comme le cocu de théâtre qui se réveille. Sans d’ailleurs toujours se rendre compte que sa passivité passée a souvent favorisé la situation. La mémoire, les circonstances, l’opacité volontaire et involontaire, conduisent aux mêmes résultats.
Il serait temps de renouer les fils entre nous. Loin d’une convivialité condescendante, créons des rapports entre électeurs et élus, basés sur un respect mutuel. N’oublions jamais que si une mandature politique est par définition limitée, les décisions prises engagent toujours l’avenir, mais n’oublions pas non plus que nous ne sommes pas seuls et que celui qui doit prendre une décision ne doit pas tenir compte uniquement de notre avis. Cela semble un truisme, mais si vite oublié.
Denis MARION
Entrepreneur sans but lucratif
Le citoyen se trouve bien souvent dans la situation de cette grenouille dont on réchauffe lentement le bocal jusqu’à l’ébouillanter. Il ne se rend compte de rien (ou ne veut pas), on le berne, on le manipule. Il se laisse faire par paresse ou par intérêt, parce que les arguments lui plaisent, sous la pression ou par peur. Cela est vrai de beaucoup de choses, de choses lointaines dans le temps ou l’espace, d’autres très proche. Est-ce pour autant que l’on veuille tout le temps et sciemment le manipuler. Même pas je pense. Cela vient ainsi parfois, sans que personne n’en soit réellement responsable, parfois des marchés anonymes, des circonstances particulières, qu’en sais-je ?
Mais la grenouille parfois se réveille, se rend compte de la chaleur intense, veut fuir, se révolte. Le citoyen se rebiffe, s’indigne, comme le recommande un Stéphane Hessel. Parfois, il va trop loin, développant une attention, une méfiance, confinant à la paranoïa. Pour autant, cette extrémité même est peut-être salutaire pour la société. En remuant le bouillon, la grenouille citoyenne va peut-être entraîner avec elles d’autres batraciens. Tous n’iront pas au bout de leur révolte. Certains le feront avec intelligence et dialogues. Mais, tous auront bougé, sauté hors de la marmite.
En quoi ces mouvements seraient-ils salutaires pour la société ? Ne serait-ce que pour rendre de la valeur aux métiers de citoyen, d’élu, de gestionnaire public. Rendre de l’épaisseur, de la chair, à une démocratie certes imparfaite. Rétablir des espaces de dialogue, sur un pied d’égalité, entre citoyens.
Mais qu’est-ce qui conduit les gens à cette méfiance paranoïaque, à ce manque de confiance ? Certes, les scandales récurrents, et pas seulement dans le monde politique, y sont pour beaucoup de choses. Sans doute aussi celui qui abandonne ses cécité et surdité complaisantes, se sent trompé, comme le cocu de théâtre qui se réveille. Sans d’ailleurs toujours se rendre compte que sa passivité passée a souvent favorisé la situation. La mémoire, les circonstances, l’opacité volontaire et involontaire, conduisent aux mêmes résultats.
Il serait temps de renouer les fils entre nous. Loin d’une convivialité condescendante, créons des rapports entre électeurs et élus, basés sur un respect mutuel. N’oublions jamais que si une mandature politique est par définition limitée, les décisions prises engagent toujours l’avenir, mais n’oublions pas non plus que nous ne sommes pas seuls et que celui qui doit prendre une décision ne doit pas tenir compte uniquement de notre avis. Cela semble un truisme, mais si vite oublié.
Denis MARION
Entrepreneur sans but lucratif