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Des espèces en voie de disparition, on vous en parle régulièrement, même si vous ne l’entendez guère. Tous les jours, on ajoute à la liste de nouveaux noms, faune, flore et autres bipèdes.
Dans quelques années, ce sera peut-être le sort de mon facteur. Cet homme souriant qui prend ma lettre et qui dépose mon courrier, cet homme souriant qui me salue quand je le croise dans les chemins de campagne, sautillant sur les pavés avec sa pétrolette, disparaîtra sans doute du paysage lors de la prochaine décennie. Déjà que les gens n’écrivent plus, que les factures arrivent électroniquement dans les boîtes mails, il ne restera bientôt plus dans les sacs postaux que les publicités pour les officines de crédit et les convocations électorales, ce qui représentent quand même quelques lettres par an, voilà maintenant que la commission européenne veut ouvrir le courrier à la concurrence, conservant vaguement dans les textes européens un service universel, dont le financement semble obscur. Tout cela aura pour résultat la disparation d’un lien social de plus. Pour gagner je ne sais quoi. L’Europe prêche apparemment la préservation de la biodiversité, mais je présume que le facteur n’est pas une espèce protégée.
Les positions de l’Europe n’ont pas empêché non plus la justice française de juger l’association Kokopelli pour contravention à la loi d’airain du catalogue des semences et de la concurrence. Kokopelli qui ressemble plus à mes yeux à un club d’amateurs pour la défense des variétés anciennes qu’à une grande société semencière a été condamnée, entre autres, pour avoir diffusé des variétés « non agréées ». Jugement scandaleux ou conforme, difficile parfois de se faire une idée à la lecture des commentaires sur le sujet. Cependant, cela ressemble plus à une « sentence philosophique », qu’autre chose. Il fallait choisir entre deux positions antagonistes : les partisans de la liberté de culture et le contrôle étatico- agroalimentaire. Je rencontre régulièrement des membres de Kokopelli ou des utilisateurs de leurs semences. Aucun ne s’est plaint de la qualité des semences, mais tous m’ont dit la joie de participer à cette aventure de la conservation. Faites donc votre choix. (1)
Ce qui disparaît aussi, ce sont les idées politiques qui ne tiennent pas du show médiatique ou de la promesse intenable. La diminution de la TVA sur le mazout est un de ces exemples contre-productifs : coûteux pour l’état, renforçant des comportements climatiquement peu vertueux et finalement peu utile pour les populations les plus démunies qui devraient en être bénéficiaires. " Augmenter, par exemple, de 250 € par an les revenus des 20 pc des ménages les moins aisés coûterait au budget de l'Etat fédéral environ 225 millions par an, soit à peine le quart de ce que coûterait une baisse de la TVA de 21 à 6 pc. Cette proposition pourrait être mise en oeuvre en appliquant la loi sur la liaison au bien-être et en haussant un peu le salaire minimum garanti ". (2)
Autre espèce en voie de disparition, la femme ou l’homme d’état belge. Depuis des mois, on cherche cet oiseau rare, Qui va s’élever au-dessus de la mèlée ? La fonction donnera-t-elle le ton et va-t-on gouverner plutôt que de parler chiffon ? Encore une bonne quarantaine de jours avant une nouvelle ponte. Espérons que la couvaison ne sera pas perturbée. Cette disparition va, semble-t-il, de pair avec celle du citoyen. A moins que celui-ci soit une espèce mythique comme la licorne ou le dahu. De temps à autre, quelques-uns se réveillent, pour une charge émotionnelle, mais le plus souvent, malgré une éducation et une information globalement plus développées que par le passé, le citoyen ne réagit que si l’on touche à son « pouvoir d’achat » ou que l’on titille sa fibre consommatrice. On dit aussi souvent que l’intellectuel indépendant tend à se faire rare. Le problème de cette espèce est qu’elle n’a jamais été « cataloguée » précisément. « Tu te prends pour un intellectuel ? » m’a-t-on dit récemment. Malheureusement, la définition n’a pas suivi. Je n’ai donc pas pu me positionner.
Par contre, ce qui ne disparaît pas de nos murs, ce sont les messages publicitaires. Sauf à São Paulo où cela est maintenant interdit. Et ceux qui ont regardé samedi Metropolis sur Arte, ont pu constater comme moi que la ville n’est certainement pas plus laide sans ses panneaux de « propagande » comme il se dit au Brésil. Mais j’ai particulièrement savouré le discours d’un opposant à cette interdiction, conseiller communal et publiciste, pour qui ces slogans informaient, mais surtout brisaient l’ennui des embouteillages : une forme de thérapie en somme.
Denis MARION.
(1)
(2) http://www.lalibre.be/index.php?view=article&art_id=397000
Nous l'attendions, voici notre Besancenot belge !
Ligue Communiste Révolutionnaire...mais c'est bien sûr et çà colle à l'homme des bois.