Le collectif Calvin & Hobbes accueille la famille Pin-Paon, pour ses chroniques.
Dans notre belle commune brabançonne, les autorités communales ont lancé un plan de circulation (en phase de test) ambitieux : mettre la route principale, ainsi qu’une bonne partie du centre, en zone 30.
Cette décision est approuvée par certains, contestée par d’autres, avec des arguments d’ordre divers. Le propos de cette chronique n’est pas de les contester, mais de les replacer dans le contexte plus large des relations interpersonnelles.
Il y a quelques temps, un de nos amis nous rapportait la conversation qu’il avait eue avec une habitante de la commune. Elle jugeait mauvaise cette mesure, parce qu’en la respectant, elle subissait les foudres de certains conducteurs irascibles. Mais à la question : le problème est-il la mesure de limitation ou les délinquants qui ne veulent pas la respecter ? Elle a répondu spontanément : « ce sont les chauffards. D’ailleurs, avec cette mesure, il est plus facile de s’engager sur la chaussée ou de se garer ». Pourtant, cette peur du délinquant routier est bien réelle et pousse de nombreuses personnes, pourtant convaincues, à contester la mise en place de règles plus strictes.
D’autres estiment qu’il faut d’abord faire respecter le cinquante avant de mettre la limitation à trente. Si une autorité envisage d’imposer une limitation à un endroit, c’est qu’elle considère que le bien public va en retirer un bénéfice spécifique, une plus grande sécurité ou une meilleure convivialité. Le contrôle n’est ici qu’accessoire, même s’il peut être nécessaire.
Les riverains s’expriment peu. Ce n’est l’habitude de clamer son soutien. Cela laisse malheureusement la place à ceux qui contestent (à juste titre ou non). Mais parmi ceux qui donnent leur opinion, certains disent : l’environnement est plus calme, ma maison ne tremble plus ou mes clients sont moins stressés pour se parquer.
Dans les arguments avancés par les usagers désapprouvant la zone trente, il y en a deux que nous avons relevés (en substance) :
· Les personnes qui habitent une chaussée passante, le savaient. Il n’y a aucune raison d’améliorer leur sort. (D’autant qu’ils ont acheté leur bien moins cher que moi)
· La perte de temps provoquée par cette limitation est préjudiciable à ma vie professionnelle ou à ma vie privée.
Quel est le préjudice réellement causé ?
Nous allons en fâcher certains, mais nous l’estimons seulement à quelques dizaines de seconde par jour, par rapport à la situation antérieure.
L’usager habituel ne paye donc qu’un tribut léger (et tribut est un grand mot pour si peu) pour une amélioration notable pour les riverains, mais aussi pour l’ensemble de la communauté.
Ces quelques secondes ne les touchent pas dans leur être, alors que le bruit ou l’insécurité peuvent miner la santé de ceux qui en sont victimes.
Si nous nous mettions à la place des riverains, si nous avions un minimum d’empathie, nous nous rendrions compte que ce sacrifice n’en est pas un. Mais l’empathie en matière de roulage (et nous y reviendrons sans doute dans une prochaine chronique) est de moins en moins de mise.
Entendons-nous bien. Le code de la route peut être respecté parce qu’il s’agit de règles qui s’imposent légalement à tous, mais il peut être également respecté parce que ces règles permettent un mieux vivre en commun, et qu’il n’est pas normal de se parquer sur un trottoir ou une piste cyclable.
A l’heure où la Fédération Wallonie-Bruxelles invente un cours de rien, nous l’invitons à mettre en place un cours d’empathie, comme au Danemark ou au Canada, et même en France.
La famille Pin-Paon
Quelques liens sur l’empathie.
· http://ici.radio-canada.ca/audio-video/media-7616918/apprendre-lempathie-a-lecole
· http://www.ac-amiens.fr/1277-pourquoi-developper-l-empathie-a-l-ecole.html
· https://fr.wikipedia.org/wiki/Empathie