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Carte bleue ou droit de piller.

• Mercredi 04/04/2012 • Version imprimable

Entrée et séjour des travailleurs hautement qualifiés (carte bleue européenne)

La présente directive a pour but de renforcer les capacités de l’Union européenne à attirer les ressortissants de pays tiers aux fins d’emplois hautement qualifiés. Il s’agit non seulement de renforcer la compétitivité dans le cadre de la stratégie de Lisbonne, mais aussi de limiter la fuite des cerveaux. […] La directive s’applique aux ressortissants hautement qualifiés de pays tiers qui souhaitent être admis sur le territoire d’un État membre pour une période de plus de trois mois pour un emploi. Elle s’applique également aux membres de leur famille[1].

D’emblée, il est difficile de se positionner sur ce genre de dossier. Subtil, complexe, pas à la portée des premiers venus.
Si nous avons bien compris, il s’agit de permettre à des (jeunes) gens brillants de rester sur le territoire européen pour prester l’un ou l’autre contrat afin d’aider nos entreprises à conserver une certaine place dans le monde. Donc, essentiellement pour des raisons économiques.  Des buts intéressés, s’il en est. Mais c’est néanmoins une initiative qui vient contrecarrer les efforts français d’expulsion de jeunes étudiants brillants mais étrangers. Louable, alors ?

Néanmoins, au risque d’être provocateurs, nous souhaiterions faire un parallèle avec notre propension à considérer les pays tiers (et généralement plus pauvres) comme des réserves de moyens disponibles, matières premières, terres, main d’œuvre, etc.

La désindustrialisation ou la mécanisation du continent a conduit à délaisser les travailleurs moins qualifiés (Même si dans les faits, ils sont bien utiles pour faire pression sur les salaires). Cependant, parce que la recherche et le développement restent, semble-t-il, notre apanage, notre raison d’être, il semble tout-à-fait convenable et souhaitable de s’attacher les services de ces diplômés.

Mais alors, que reste-t-il pour leur pays d’origine, dont on glose systématiquement le retard, le déséquilibre, la corruption, l’absence de démocratie ou l’extrémisme religieux. L’on pourra nous objecter que, leurs missions finies, après avoir fait leurs expériences, ils retourneront dans leur pays pour aider au développement. Mais nous avons souvenir de ce jeune médecin qui travaillait aux urgences d’un hôpital bruxellois, qui nous expliquait, que malgré les conditions difficiles dans lesquelles il exerçait, elles restaient infiniment meilleures que celles de son pays d’origine et qu’il ne souhaitait pas, avant longtemps, y retourner.

Les différentes diasporas ont la réputation de financer des activités dans leur région natale. Et pour certaines communautés, ce serait leur seule source de survie. Ce mouvement de solidarité est donc essentiel. Mais sur le long terme, est-ce réellement la solution pour eux ? Ne faudrait-il pas que ces forces vives, éduquées, contribuent activement à des projets locaux.

Mais avouons-le, nous pouvons comprendre que les sirènes occidentales soient à ce point tentatrices. Alors, si nous engageons ces gens, ne devrions-nous pas nous engager dans leur pays. Bien entendu, aucunement pour continuer à piller les ressources, à profiter de réglementations laxistes pour se défaire de nos déchets ou s’approprier des terres. Nous ne pouvons admettre de laisser à la porte de la forteresse Europe des hommes et des femmes dont la situation empire à cause de notre rapacité, ou celle des Chinois, ou des Américains, ou des…

C’est bien pour cela que le Collectif se pose des questions sur ces politiques migratoires.