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Cachez cet environnement que nous ne saurions voir.

• Mercredi 17/11/2010 • Version imprimable

L’environnement, ça commence à bien faire, pérorait au printemps un président à croissance différée. Tellement « out», que son Grenelle de l’Environnement a été vidé de sa substance estimait encore dernièrement le « Canard enchainé ».

Le nouveau gouvernement tchèque est frileux, rapportait La Libre. Il va autoriser l’abattage massif dans le parc naturel de la Sumava[i]. Pour satisfaire des intérêts à court terme, ceux de bétonneurs et des « développeurs » à la petite semaine, estiment les habitants. En Belgique, le gouvernement fédéral juge que la déduction fiscale pour l’isolation des murs et sols a eu son temps. Pour des raisons budgétaires, elle passerait à la trappe.

Cachez cet environnement que nous ne saurions voir. Ou faisons croire que nous faisons quelque chose, cela ne mange pas de pain et revenons en arrière pour des raisons budgétaires ou économiques. Nos électeurs sont formatés pour accepter cela. D’ailleurs, moins de contraintes environnementales ferait plaisir à beaucoup d’entre eux.

Parce que ces gouvernants de « pays démocratiques »  ne sont finalement que le résultat de nos choix ou de nos incohérences, nous ne pouvons que nous considérer comme complices. Quand des militants du Tea Party défendent sur leurs calicots le « Medicare », et dans le même temps, élisent des représentants prêts à détruire ce système de soins de santé, sont-ils conséquents ? Mais cette inconséquence n’est pas propre aux Etats-Unis. Nos incohérences, ce refus de considérer les problèmes environnementaux parce qu’ils nous dépasseraient, nous ou nos enfants les payerons. Eludons, éludons, parce que ce que  l’on ne sait pas ne peut pas faire de mal.

Ainsi, Cachez ces déchets [nucléaires], écrivait Gilles Toussaint dans La Libre. Ne nous dites rien, glissez les sous le tapis, ce sera pour les générations futures, même si In fine, il y a fort à parier que c’est au consommateur [de demain au plus tard] qu’il reviendra de les assumer. Les citoyens qui ne sont pas interpellés par la dimension éthique de cette question, seraient donc bien avisés de s’intéresser à sa dimension économique.[ii]

Et si nous disions à cet électeur incohérent que par exemple des chercheurs de l'Université de Californie estiment que les 1.332 milliers de milliards de barils de réserves de brut vont s'épuiser en 2041, mais qu’un scénario plus optimiste prévoit que les réserves de pétrole s'épuisent en 2054, sans doute trouverait-il quelque échappatoire, quelque « conviction religieuse », que tout cela est pêle-mêle, exagéré, de la propagande de gauchistes, d’extrême-droite, que nos bons scientifiques trouveront le sacré Graal, que la fusion est pour demain, qu’il n’y a pas de problème.

Si nous continuions en lui disant que Les énergies renouvelables ne seront pas suffisantes pour remplacer le pétrole lorsque les réserves d'hydrocarbures seront épuisées, entre 2041 et 2054[iii] et que l’utilisation de la voiture en sera compromise, pourrions-nous espérer un électrochoc ? Un électeur sans sa bagnole.

Alors, pour que cet électeur se mette à voir cet environnement, que faudrait-il faire ? Un discours consensuel ou un discours radical, une approche ludique ? Des petites choses, des petits pas ? Attendre la catastrophe, parce que les catastrophes sont le meilleur moyen de changer ? Attendre que la dernière goutte soit utilisée, et pourquoi ne pas accélérer le mouvement, pour repartir à zéro[iv] ?

Je n’en sais fichtre rien. Mais il faut se pencher sur ce problème.

 
Denis MARION

Entrepreneur sans but lucratif.


[iv] Clin d’œil à HM