Les choses de la vie ne sont pas limitées à celles que nous évoquions dans notre précédente chronique. Bien entendu, il est essentiel que nous ne restions pas insensibles aux dérives politiques et sociales. Et nous devons bien nous en convaincre, notre sensibilité n'est finalement guère affectée par ce qui se passe autour de nous en ces matières; l’humanisme reste souvent de façade. Et si l’humanisme n’est pas un gros mot, mais il reste ce qu’il est, une attitude philosophique qui tient l'homme pour la valeur suprême[i]. La partie passe avant le tout, mais la partie oublie qu’elle n’est pas tout.
Tim Jackson, dans son ouvrage « Prospérité sans croissance », en abordant le mythe du découplage dit ceci :Jouer avec les chiffres peut sembler tout à fait futile. Mais la simplicité de l’arithmétique dissimule l’austérité de certains choix. Sommes-nous vraiment décidés à éradiquer la pauvreté ? Sommes-nous sérieux quand nous parlons de réduire les émissions de dioxyde de carbone ? Nous soucions-nous réellement de la rareté des ressources, de la déforestation, de la perte de biodiversité ? Ou sommes-nous à ce point aveuglés par le conformisme que nous n’osons pas faire les calculs de peur de révéler la vérité ?
C’est pourquoi, il est nécessaire que non seulement il y ait des gens qui ne saluent pas, mais aussi qui se lèvent, qui se mobilisent. Nous ne résistons à l’envie de reprendre un article du Boston Globe pour illustrer le propos et saluer Bill Mc Kibben, héros écolo malgré lui.
Le 6 novembre 2011, Bill Mc Kibben est arrivé à Washington pour manifester contre l’oléoduc Keystone XL, devant permettre d’acheminer du pétrole sur plus de 2 700 kilomètres, depuis la province de l’Alberta, au Canada, jusqu’aux raffineries du golfe du Mexique. L’écologiste faisait partie des 1 252 personnes arrêtées devant la Maison-Blanche en août et en septembre 2011, lors de manifestations contre ce même oléoduc. Il a même passé deux nuits en prison. Mais le 6 novembre, il était de retour avec des milliers de personnes et une idée audacieuse. “On ne peut pas occuper la Maison-Blanche, a-t-il expliqué aux manifestants présents, mais on peut l’encercler.” Cette stratégie avait pour but de rappeler à Barack Obama l’une de ses promesses électorales : “mettre fin à la tyrannie du pétrole”. Ce jour-là, 12 000 personnes se sont déplacées, faisant de cet événement la plus grande manifestation organisée devant la Maison-Blanche pour défendre une cause environnementale. Quand il s’est adressé à la foule, Bill Mc Kibben avait l’air agréablement surpris. “On n’était pas sûr de voir autant de monde, a-t-il avoué. Cela fait des décennies qu’on n’a pas vu une foule pareille pour défendre l’environnement. En venant aujourd’hui, vous avez accompli quelque chose d’extraordinaire[ii].
Jouons les « August », oublions les « Auguste » Allègre.
[i] …. et revendique pour chaque homme la possibilité d'épanouir librement son humanité, ses facultés proprement humaines