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Au nom de qui ?

• Mercredi 01/06/2011 • Version imprimable

Un rassemblement sur la place Saint-Lambert à Liège, à l’instar de ce qui est fait ailleurs, à Madrid par exemple. Des gens qui se rassemblent pour (se) poser des questions, proposer aussi, envisager des changements, modifier des orientations. Sans connaître le contenu de leurs discours, je regrette pourtant l’attitude de nombre de mes concitoyens qui se demandent s’ils n’ont rien d’autre « à foutre ». Pourtant, ils seront les premiers à réclamer une révolution copernicienne dans les services publics, exiger des réformes, généralement dans le but de préserver leur pouvoir d’achat ou s’agripper à des détails de l’Histoire, comme l’usage d’une langue ou d’une religion. Cela fait marcher le monde, mais ce n’est rien à l’échelle des temps géologiques.

La remise en question de l’économie et de la science, en tant que vérité suscite chez nos contemporains, ricanement et rejet. Douter est ouvrir la porte au changement. Et le changement, acceptable quand il s’agit d’améliorer la productivité et la croissance, ne l’est guère quand il met à mal les dogmes de la finance ou du « bien-être ».

Le progrès nous délivrera du mal, nous aidera dans notre quête pour la survie de notre civilisation. C’est ce que défendent les chercheurs dans le domaine des OGM par exemple. Ce qui n’est pas sans entraîner des réactions de la part des opposants. Ainsi, il y a quelques jours en Flandre, un champ expérimental de pommes de terre a été détruit.
Pour les institutions, cette destruction est une attaque frontale contre une recherche libre en vue de favoriser une agriculture soucieuse de l'environnement. La recherche scientifique publique en Flandre est menacée par des actions violentes de ce type. Les institutions de recherche espèrent que la société, la politique et le droit condamneront de tels actes de violence. Le travail de plusieurs années en faveur d'une agriculture durable et soucieuse de l'environnement a été anéanti en peu de temps. Il est à noter que les scientifiques ont reçu le soutien de tas de confrères, d'agriculteurs et partisans, réunis sous le slogan «Save our science» (sauvez notre science).

Pour le collectif du «Field Liberation Movement», l'essai sur le terrain avec des pommes de terre synthétiques, entre autres de BASF, est la raison du lancement d'un vaste débat social et indépendant sur les avantages et les conséquences de la modification génétique à court et long terme. Ce débat soulève également des questions sur l'économie alimentaire mondiale, le pouvoir des multinationales et les impacts sociaux et environnementaux de l'agriculture OGM qui doivent être résolus avant l'introduction des plantes synthétiques dans l'écosystème et avant de les commercialiser. L'indépendance des instituts de recherche dans la définition de leurs questions de recherche a également été remise en question. Quels intérêts cette recherche sert-elle? Qui vendra ces semences OGM aux agriculteurs et mettra les bénéfices de vente dans sa poche? La position déjà difficile des agriculteurs dans la chaîne alimentaire sera-t-elle améliorée ou seront- ils rendus encore plus dépendants d'une poignée de multinationales?[1]

 

La question est là, fondamentale. Quelle est l’utilité de ces recherches ? A qui profitent-elles ? Et sont-elles sans danger ?

Quand on demande à Marc VAN MONTAGU, Professeur émérite à l’université de Gand si les OGM sont un risque pour l’environnement et pour la santé publique. Sa réponse qu'il n’y a aucun risque, que ce soit pour la santé ou pour l’environnement. Du point de vue scientifique, ce sont les mêmes risques que pour les croisements classiques[2]. Pour lui, il n’a jamais été dit que la culture bio ne pouvait pas être transgénique. C’est Greenpeace qui dit cela. Il y a des tas d’agriculteurs qui sont bios, mais qui comprennent que les OGM, c’est leur seule façon d’arriver à une agriculture avec moins de produits chimiques.

Isabelle STENGERS, militante anti-OGM, philosophe à l'ULB remet, elle, en cause les avantages de ces cultures génétiquement transformées.

Le riz doré est un exemple de ces fausses promesses que nous tiennent des industriels. Pour que la vitamine A contenue dans le riz doré réponde aux besoins physiologiques, il faudrait en manger plusieurs kilos par jour. Elle sépare également le progrès scientifique et l’utilisation commerciale de la recherche. Le champ qui a été décontaminé ne poursuivait pas le progrès de la science. C’était une des étapes d’application pour faire un produit reconnu, une phase nécessaire du développement – après la recherche – liée à la commercialisation, et ce dans un site ouvert ! Je ne m’oppose pas aux modifications génétiques en tant que telles. De nombreuses bactéries génétiquement modifiées sont utilisées pour produire, en site fermé, des médicaments. Quand la sécurité en site confiné est bonne, c’est acceptable. Ce n’est pas le cas de la tentative de transformer l’agriculture via la production d’OGM. Pour Isabelle STENGERS, ces actions illégales comme s’attaquer à un champ de pommes de terre privé sont nécessaires parce que s’il n’y avait pas eu d’actions illégales, l’Europe serait exactement comme les Etats-Unis, c’est-à-dire envahie sans opposition par cette agriculture industrielle. Le problème est là ! Les décisions de développement industriel ne sont pas une matière typique de délibération politique : elles se prennent “au nom du progrès”, au nom de la “nécessité impérieuse”, au nom de la “rationalité scientifique”... Voilà pourquoi, à notre époque, malheureusement, mettre des bâtons dans les roues est nécessaire. J’aurais aimé le contraire. Mais c’est une manifestation de la crise de la démocratie.

Quand la région wallonne décide d’être une région exempte d’OGM, quels sont les moyens qui lui permettent de faire respecter ce choix ? Quand le consommateur refuse de s’alimenter avec ce genre d’aliments, quelles possibilités a-t-il pour se prémunir ? Pourrait-on comparer cela à une personne non-fumeuse, obligée de supporter la tabagie d’autrui sans pouvoir s’y soustraire.

Au début, 2011, Olivier De Schutter,  Rapporteur Spécial des Nations Unies pour le Droit à l'Alimentation. a présenté son rapport « Agroécologie et droit à l'alimentation [3]» devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Il démontre que l'agroécologie peut doubler la production alimentaire de régions entières en 10 ans tout en réduisant la pauvreté rurale et en apportant des solutions au changement climatique. Selon lui, l’agroécologie est le moyen de répondre aux défis alimentaires, climatiques et de pauvreté dans le monde. Cela sous-entend une agriculture qui ne serait pas soumise aux diktats de l’in

Faites-vous donc votre opinion.

A titre informatif, la semaine bio se déroule du 4 au 13 juin 2011[4].

Denis MARION

Entrepreneur sans but lucratif.

PS. Consultez ce rapport sur l’agriculture face aux défis énergétiques