S'identifier - S'inscrire - Contact

Total Recall

• Mercredi 02/02/2011 • Version imprimable

Jean Mistler disait « Le tourisme est l'industrie qui consiste à transporter des gens qui seraient mieux chez eux, dans des endroits qui seraient mieux sans eux. » Que j’aime cette phrase.

Des peuples se révoltent contre des dictatures et de quoi parle-t-on, du tourisme, des touristes, des vacances interrompues, des vacances perturbées, des vacances remises, des vacances à venir.
Je ne vais pas en faire une généralité, mais les touristes interrogées ne pèchent pas par l’empathie ou la compréhension pour les peuples opprimés. Les caricaturistes[1] s’en sont donné à cœur joie dans la critique, mais les télévisions, dans la complaisance pour le vacancier de base.

Mais bon, à partir du moment où l’on choisit de passer ses vacances « en autocratie », c’est que l’on a peut-être fait une croix sur ses valeurs humanistes. Pour les touristes et ministres français Alliot-Marie[2] et Mitterrand, cela ne fait plus de doute.

Bien entendu, si l’on désire passer ses congés uniquement dans des démocraties un tant soit peu crédibles, l’éventail se restreint. Tiens, prenez par exemple le Mexique. J’ai un collègue qui y part bientôt pour une semaine. Vous imaginez les sarcasmes qu’il doit subir de ma part. Et bien, peut-on considérer le Mexique comme une démocratie ou un ersatz , un succédané[3] ?

Mais mon bon monsieur, pourquoi être aussi extrême ? Le tourisme peut servir au développement et les populations peuvent en profiter. Mieux vaut du pain que la liberté. D’abord, il serait bon de laisser le choix à ces populations. Ensuite, vous savez depuis longtemps que je méfie de cette antienne du développement par le tourisme. Je ne citerai qu’un seul exemple, Tozeur en Tunisie. Je vous invite à lire « Tozeur, ravagée par le tourisme ».[4]

Faut-il pour autant s’abstenir de voyager ? A chacun de voir, en son âme et conscience, ce qu’il est prêt à supporter, excès de CO², « soutien financier » à une dictature (nous sommes tous un petit peu TOTAL), prédation sur les ressources locales, pour satisfaire un besoin certes parfois légitime. Mais pour celui ou celle qui va faire simplement dorer leurs miches, il n’y a guère, excessif comme je suis, de justification et j’eus aimé qu’un journaliste, je n’en ai pas entendu, les mettent devant leurs responsabilités. 

Touriste amoral et compagnie TOTAL, finalement même combat.

 
Denis MARION

Entrepreneur sans but lucratif.

PS. Je l’ai faite courte et il y a peut-être des arguments pour continuer à visiter des dictatures. Mais lesquels ?