Philippe Lançon dans Charlie Hebdo rapportait que Alain Finkielkraut s’indignait de ce rire imbécile que certains avaient eu à l’égard de la taille de SON président. Il parlait du reportage de la RTBF sur la sélection de la « claque » lors des visites de l’EMPEREUR : petite taille exigée. Aime-t-il, vénère-t-il à ce point l’omni-président pour ne pas voir la manipulation ?
Arrogance, petitesse, fausse vision de l’avenir, corporatisme, népotisme, mensonge, celui qui se croit l’égal d’Obama se fâche sur les guignols de l’info, pour crime de lèse-majesté, se fâche avec la presse, divorce temporairement d’avec ses (é)lecteurs du Figaro. Cette obsession de l’image qui conduit à travestir l’histoire, à manipuler les faits se démontre encore avec un autre exemple. « Nicolas Sarkozy raconte sur Facebook comment, en ce jour historique, il s'était trouvé dans cette ville, y allant lui aussi de ses "coups de pioche". Invraisemblable, selon plusieurs témoins. » ai-je lu dernièrement à propos de l’anniversaire de la chute du mur de Berlin.[2] Quelle idée a-t-on de sa fonction et de son devoir pour être à ce point hâbleur ?
Il serait certes exagéré, inconvenant irais-je jusqu’à dire, d’exiger de nos élus d’être des êtres parfaits, sans reproche, mais il est néanmoins normal qu’ils fassent montre des qualités morales et intellectuelles nécessaires pour mener à bien les missions qui leur sont confiées. La chose politique demande autant de « rigueur » que d’empathie, d’intelligence que de compréhension, d’hardiesse que d’honnêteté. L’image, tel qu’on la conçoit maintenant, ne devrait pas jouer. Et si le charisme est nécessaire, parfois, pour emmener les gens sur un chemin difficile, il ne saurait suffire.
Beaucoup de dirigeants pourraient se satisfaire d’un électorat passif (voire stupide). Le dictateur n’aurait pas à se lancer dans une répression sanglante et le démocrate médiocre n’aurait peut-être même pas à se justifier à chaque élection. Tous deux pourraient exercer leur apostolat sans contrainte. Admettons cependant qu’un électorat éduqué à la chose publique, conscient de ses responsabilités serait certes moins manipulable, mais certainement plus enclin à réfléchir à l’avenir, en comprenant l’enjeu des décisions proposées. L’élu, convaincu de l’importance de sa charge, du service qu’il doit rendre au pays, à la nation, à la communauté, à la tribu (biffez la mention inutile) s’appuierait sur des hommes et des femmes qui pourraient comprendre les décisions prises et les soutenir. Conscient de l’importance de la collaboration avec les citoyens, il ferait par ce biais avancer bien des choses.
Mais l’électeur peut-il reprendre un rôle de citoyen critique, moins enclin à se laisser séduire par les ors même virtuels qu’à comprendre, à apprécier les engagements et décisions politiques. Que faudrait-il pour qu’il puisse jouer son rôle de mandant conscient, actif ? Que faudrait-il pour qu’il abandonne un discours rempli de « ils » pour lui en substituer un rempli de « nous » ? Est-ce la responsabilité de l’éducation, qui préparerait insuffisamment à la citoyenneté ? Est-ce l’influence des medias et leur manière de traiter les faits ? Est-ce l’influence des politiques et de leurs manières ? Ou est-ce simplement le citoyen qui ne parvient pas à développer une citoyenneté ? Vraisemblablement une conjonction de tous ces facteurs et de bien d’autres.
Nous avons besoin de concitoyens critiques, conscients et actifs, même s’ils ne partagent pas les mêmes idées. Nous avons besoin de femmes et d’hommes politiques… pas d’égotiques.
[1] Une élection où les bulletins sont déjà validés n’est plus une élection, mais une nomination.
[2] http://www.rtbf.be/info/societe/sarkozy-raconte-ses-coups-de-pioche-au-mur-de-berlin-le-9-novembre-1989-158810
[3] Ainsi l’appelle un humoriste français. Cela doit être pour son côté monté sur ressort, parce que le manège n’est guère enchanté.