J’ai souvenir naguère, dans mon village, de ces petits vieux qui s’asseyaient sur un mur et des enfants qui jouaient autour. L’un ou l’autre adulte, plus jeune, sortait pour ne pas rester devant la télévision. Mais les petits vieux sont au cimetière ou cloîtrés chez eux. Les enfants ont grandi et les plus jeunes qui ont suivi, n’ont plus de phare pour se repérer, plus de de port pour s’abriter. Et puis la vie est devenue dangereuse, la circulation épouvantable. « 83 % des Belges se disent très préoccupés par les accidents de la route en tant que problème de société. Ils se soucient d’ailleurs autant de cette thématique que de l’environnement (83 %), mais davantage encore que de la criminalité (77 %) », rapporte l’Observatoire pour la sécurité routière[i].
La zone trente peut jouer cependant un rôle : par la diminution du bruit[ii] comme évoqué lors d’une dernière chronique, mais aussi par la modification des rapports à l’autre[iii]. Celui que l’on voit, que l’on reconnait, ce n’est plus un anonyme qui passe, méconnaissable, arrogant dans sa vitesse, dédaigneux, fier de la place qu’il prend.
Certains considèrent que la zone trente a un impact négatif sur la fluidité du trafic. Or, selon l’IBSR, la capacité maximale pour des voiries urbaines est atteinte pour des vitesses de l’ordre de 30 à 50 km/h et que réduire à 30 km/h n’a pas d’influence notable sur la fluidité du trafic, a fortiori dans nos villages.
Mais tout cela représente un coût pour leur petite personne que d’aucuns estiment trop important, une atteinte à leur liberté, un sujet déjà abordé dans ces chroniques, mais que relancent les commentaires d’internautes sur l’étude de l´Observatoire pour la sécurité routière : « Les limites de vitesse sont des atteintes à la liberté individuelle et souvent fixées au pif et sans logique, des pièges pour les conducteurs, des rentrées pour l'état. En outre, question sondage, depuis le "9 belges sur 10" satisfaits de la police et autre billevesées, je suis sceptique quant à ces opinions que je pense téléguidées voire inventées par le pouvoir en place » Un ami me disait « Denis, si tu te contentes des réactions des fora de […], tu risques vite d'être écœuré. Je me demande si la rédaction et les modérateurs de ce journal sont conscients de l'image que donnent les propos de cette cohorte de réac' racistes pisse-froid qui inondent chaque fin d'article. C'est un peu le niveau de […] avec moins de fautes, mais ça reste désespérant... » Ce à quoi, j’ai répondu « Je suis d'accord avec toi, mais je les trouve néanmoins intéressants dans leur outrance. A mots plus mesurés, j'entends cela chez la ménagère de moins de 50 ans ou le père de famille, cadre à (ir)responsabilités».
Parce qu’au de là de la zone trente et des limitations de vitesse, il faut reconnaître que si nos concitoyens désirent plus de sécurité et de convivialité, ils ne sont pas prêts à en payer réellement le prix et certainement pas dans les autres rues que la leur. Or, et l’une et l’autre demandent des efforts. Le bien vivre ensemble n’est pas un don du ciel, mais le résultat de notre humanité (J’ai failli écrire de notre animalité).
La zone 30 est en ce sens un outil relativement efficace pour réduire le bruit global rencontré dans une zone. En diminuant la vitesse de 50 km/h à 30 km/h, on arrive à réduire le bruit de 3 à 4 décibels 1. Ce résultat correspond à celui d’une diminution de moitié du volume de trafic sur une voirie d’importance moyenne.
L’objectif d’une zone 30 est de privilégier la vie locale par rapport au trafic et d’améliorer la convivialité entre les différents usagers de l’espace public.