Si le fait environnemental commence à prendre sa place dans nos vies, ce n’est pas pour autant qu’il c’est bien compris et accepté. Les machines à grand spectacle ont permis d’inviter le plus grand monde au débat mais la réalité quotidienne démontre que, des paroles aux actes, il y a une (large) marge et que la conscientisation se limite souvent au simple tri des déchets, dont la réalisation donne aux yeux de ceux qui l’assurent un brevet de citoyen respectueux du milieu. Soyons de bon compte. La protection de l’environnement est un sujet vaste et complexe ; il ne se réduit pas au réchauffement climatique ou à la protection du traquet motteux. De plus, certaines positions sont contradictoires et certains buts antagonistes et les effets d’annonce des politiques ou les mesures qu’ils ont prises ne donnent pas toujours un signal clair aux citoyens. Même le plus convaincu d’entre ceux-ci peut dès lors se perdre dans cette matière.
La protection de l’environnement ne se limite à aligner des poncifs ou à améliorer des comportements individuels. Elle est faite également d’actions diverses, collectives, souvent au niveau local, qui permettent de créer des courants au plus près des citoyens et de favoriser la création de zones « environnementalement positives ». Tout ceci nécessite de grands efforts de communication. L’un des plus grands soucis pour les associations environnementales est de se faire connaître, non seulement auprès d’un public convaincu, mais aussi auprès des personnes moins enclines à percevoir ou à admettre l’urgence de la situation. C’est un sujet qui préoccupe l’association à laquelle j’appartiens. Comment amener le citoyen à réfléchir à son avenir autrement qu’en termes purement économiques ? Comment le confronter à ses contradictions de consodétracteur ? Comment donner des pistes à celui qui voudrait aller plus loin ? Comment donner la mesure de la complexité des enjeux ?
Nous devons user de tous les moyens possibles, dont les plus modernes comme Internet, pour toucher un maximum à bon compte. Mais tout le monde n’accède pas à Internet ou ne surfe pas vers ces sites d’information. Aussi, il faut réactiver le contact de proximité ou, plutôt, le réinventer pour attirer le public et amorcer une relation. Et qui, mieux que les associations locales ou supra locales, peut jouer ce rôle ? C’est dans cette optique que nous avons lancé cette année le projet Greztopia, dans le cadre de la fête de la Saint-Georges à Grez-Doiceau.
Décrivons d’abord le contexte. La fête de la Saint-Georges est une fête populaire qui se fonde sur la légende des seigneurs de Grez, des dragons et des combats. Les organisateurs ont élargi le thème au féerique et au fantastique. Cet événement attire dans les rues ou sur les sites communaux des milliers de personnes de l’entité et de l’extérieur. Pour profiter de tous ces visiteurs, nous avons réuni sur un même site, au cœur des festivités, un ensemble d’associations locales ou ayant une action au niveau local. Par une organisation spatiale, nous avons tenté de représenter le caractère transversal de la protection de l’environnement et les diverses interactions, de l’économie d’énergie à la protection des batraciens…
Pour rencontrer un certain succès, vu la concurrence avec d’autres activités par nature plus porteuses, plus attirantes, plus « sexys », il nous fallait développer notre concept en étant attentifs à divers éléments :
- travailler le contenu en proposant des activités ludiques et des démonstrations ;
- travailler sur le décor pour l’intégrer dans le thème de la journée et abandonner l’austérité habituelle ;
- travailler sur l’approche du visiteur potentiel, en organisant en dehors du site même des attractions pour drainer le public vers nos stands.
Cette première n’a bien entendu pas été parfaite mais elle a permis à quatre cents personnes d’être confrontées à la problématique de l’environnement. Elle a démontré l’importance de réunir des associations fort différentes mais œuvrant toutes, à leur façon, à la protection de l’environnement. Elle a démontré aussi et surtout la nécessité et l’intérêt d’attirer un public peu habitué à fréquenter ce genre de manifestation. Des expériences sur la vie de la rivière vont amener le visiteur à s’interroger au stand suivant sur l’importance de l’abeille ou sur l’inutilité d’utiliser des pesticides ; l’inviter à participer au PCDN ou à imaginer une autre mobilité l’incitera à réfléchir à son rôle de citoyen.
Nous pouvons penser la vie de nos associations en termes de concurrence : concurrence sur le sujet, sur le territoire, pour les subsides. Cela est bien réel, humain, compréhensible mais, au bout du compte, n’est-ce pas un peu futile, voire même stérile ? Nous avons nos antagonismes, nos façons de voir, de penser différentes, mais nous avons aussi un grand dénominateur commun qui est la place de l’environnement dans nos actions, ce souci de protection qui est notre moteur. La naturaliste, le spécialiste de la mobilité, le tenant de l’agriculture alternative, l’environnementaliste global… ont tout intérêt à collaborer. Se diviser pour régner ne devrait pas être notre mot d’ordre.