Les élections sont passées. Les sondages se sont (un peu) trompés. Les fiers à bras sont un peu moins fiers. Les presque décédés revivent un peu. Certains se maintiennent, d’autres progressent. Malgré les chiffres, quelques-uns se perdent dans des rodomontades. Il y a des pythies qui font pitié, prédisant le pire pour essayer de gagner une place dans l’autobus. Finis les échanges d’horions, on préfère les passages de pommade.
En France, certains attribuent à la diffusion du film « Home », la poussée des écologistes. En Belgique francophone, certains l’attribuent aux transfuges du MR qui veulent plus de gauche, mais point rouge. D’autres, aux déserteurs du PS qui ne sauraient se résoudre à bleuir ou à s’oranger. Don José croit lui que les chemises brunes se sont mises au vert.
Sur les forums des journaux, des internautes se demandent comment deux « petits partis » ont l’arrogance de prendre la place de leur champion respectif, leur promettant la honte et la débâcle, s’ils devaient choisir le mauvais cheval.[1] Certes, ces agoras ne représentent pas le bon peuple et ce sont souvent les plus virulents qui y laissent « leurs commentaires ». Néanmoins, on peut s’inquiéter de l’esprit excessivement partisan et agressif dont témoigne nombre de commentateurs. Rien en effet ne m’empêche de penser que le climat de la campagne, la manière d’y aborder la politique n’est pas en train de renforcer la « stupidité » de quelques contemporains, amoureux à l’excès des lieux communs et des idées reçues. Toutes les organisations humaines ont leurs brebis galeuses et le clientélisme sévit presque partout, sous différentes formes. Nous aurions pu rêver d’un débat d’idées, de politiques qui auraient fait œuvre de pédagogie et de citoyens prêts à s’informer, mais certains préfèrent la confrontation et compter des partisans plus que des électeurs.
Chacun sait et admet, hormis Claude Allègre, grand défenseur de l’innocuité de l’amiante, les membres de l’Institut HAYEK et quelques autres scandinaves sceptiques, qu’il faut agir en faveur du climat (et si possible de la planète). Pourtant, rien ne bouge vraiment en ce sens. Ce serait même presque le contraire. Il suffit de voir par exemple le nombre de mes voisins qui ont pris leur voiture pour faire les quelques centaines de mètres les séparant du bureau de vote, ce beau dimanche d’élections.
Mais il ne faut pas stigmatiser l’amateur de loisirs polluants. Il ne faut pas donner l’impression à l’électeur que l’on veut lui supprimer des libertés d’assassiner le climat. Il faut privilégier les incitants aux taxations. Il faut éduquer, point réprimer, surtout les automobilistes bons pères de famille. L’inverse serait plutôt de mise pour les jeunes délinquants. Taxer éventuellement les véhicules les plus polluants, mais quand même pas les interdire. Supprimer la publicité pour les voitures et les voyages en avion, on peut toujours en rêver, mais ce serait contraire à la liberté d’expression. Non, sincèrement, il ne faut rien qui puisse changer trop les habitudes des clients-électeurs.[2]
Pourtant, on nous donne dix ans pour changer de cap. Deux mandatures. C’est court, surtout si l’on ne commence pas vraiment à manœuvrer la barre.
Denis MARION
[1] Ils ont choisi l’Olivier lis-je au moment où je corrige cette chronique. Ils n’ont pas choisi le changement assène un déçu qui n’est pourtant pas né aux derniers poireaux.
[2] Certaines de ces réflexions sont tirées du site http://election.tropdebruit.be
Faisons-nous du sur place ? (2) « Le blog de Vincent Engel (et de ses amis : " Je parlais dans ma précédente chronique Faisons-nous du sur place ? (1) de Home, le 1.500 tonnes de CO² de monsieur Arthus-Bertrand."