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Chroniques d’automne : les Suisses seront chocolats.

• Mardi 30/11/2010 • Version imprimable

Une série de chroniques construites sur des propos recueillis ces derniers mois.

Imaginez un plateau balayé par les vents et quelques personnes réunies pour dieu sait quoi. Quelques « Proute Ma Chère » et d’autres crottés jusqu’aux moustaches.
 

- Le Suisse est con, me dit ce grand escogriffe aux oreilles rougies, en tous les cas plus de la moitié de ceux en âge de voter.

- Ho, s’indigne une dame en pied et cul de poule, les Suisses sont des gens très bien.

- Ha donc, on est bien pour vous quand on vire les gens à coup de pompes dans le train ?

- Je ne vous comprends pas.
- Les Suisses ont voté l’expulsion automatique de toutes personnes étrangères[1] ayant commis un délit.
- Mais ne trouvez- vous qu’il faille se débarrasser des perturbateurs?

- Allons, ma petite dame, une sanction automatique n’a jamais été une sanction juste. Quel que soit le délit et c’est la porte. Admettons que les vents constituent un délit, vous lâchez une proute, ma chère, et hop, direction le charter.

- Enfin, Monsieur, c’est inconvenant.

- Vous avez raison. Si les flatulences sont inconvenantes, le choix des Suisses l’est encore plus. Et si vous croyez que ce sort sera réservé aux gens « exotiques », vous vous gourez. Le Suisse n’aime pas les étrangers. Et pour les Suisses, toute belge que vous soyez, vous êtes une étrangère.

- Mais c’est choquant.

- Vous voyez, quand cela vous touche, une mesure de salut public devient vite une saloperie raciste.

- Je vous donne raison, susurre une brunette à la salopette tranchant dans le décor. Une mesure automatique n’est jamais proportionnelle au délit. De plus, continue-t-elle, cela démontre que les Suisses, mais ils ne sont pas les seuls, n’ont guère le sens des priorités.

- En quoi, en quoi? la reprend un monsieur dans les jolies chaussures en daim se gorgent de boue sans qu’il ne le remarque. (Ce qui me fait dire que certains n’ont pas le sens de la tenue, pff…)

- Allons, Monsieur, faut-il plus s’inquiéter des étrangers que de la montée des eaux?

- Mademoiselle, ne soyez pas naïve. Nous ne pouvons nourrir toute la misère du monde, surtout quand elle est représentée par des criminels.

- Et bien moi, à votre place, je m’inquièterais, en regardant les pieds de son interlocuteur, de la montée des eaux. Vous allez être bientôt trempé.

- Le sens des priorités, vous avez parfaitement raison, commence alors un jeune homme à la mise sympathique. Qu’est-ce qui excite les gens ? Les télégrammes des ambassades américaines[2], le sort des banques irlandaises, la sortie d’Eric Cantona sur le monde financier… Par contre, la déforestation, ils s’en foutent. Le climat, ils ne s’en préoccupent guère. Le sommet de Cancun[3] est un de plus qu’on verra passer sans rien voir venir.

- La danse de l’ours[4], s’exclame alors le grand escogriffe aux oreilles rougies.

- La danse de l’ours ? reprennent en cœur tous les assistants.

- Ben, oui ! Peut-être que l’esprit de l’ours inspirera les Amer(bre)loques. Certains prétendent que si les ours polaires ne sont plus «menacés» mais «en danger» aux Etats-Unis, cela pourrait changer le cours de l’histoire. Si l’administration Obama décidait de revoir le classement de l’ours en faveur de plus de protection, cela pourrait en même temps lui offrir une nouvelle légitimité juridique pour agir sur les émissions de gaz à effet de serre[5].

- Les Suisses ont intérêt à pousser à la charrette, continue la brunette, parce que si leurs glaciers disparaissent, ils perdront beaucoup plus que le résultat des « méfaits » de quelques délinquants.

Personnellement, j’ai envie de dire : qu’aucun à Cancun ne se dérobe !

 
Denis MARION
Entrepreneur sans but lucratif