Marie-Rose Morel, ex-membre du Vlaams Belang était-elle une personne extrémiste, raciste ? Le Vlaams Belang est-il un parti extrémiste, raciste ?
Certes, il est possible de trouver à redire sur le reportage de la RTBF et sur ses interprétations que l’on dit exagérées. Je n’ai pas vu le reportage. Fallait-il d’ailleurs un reportage ?
Certes, la défunte venait de décéder après une longue maladie. Mais elle en avait apparemment fait une affaire publique. Et je ne veux pas croire que la mort de quelqu’un le rende d’office sympathique ou respectable. Certes, la défunte ne s’entendait plus avec la direction de son parti1. Mais avait-elle renié pour autant ses opinions ?
Jan De Troyer, dans une interview à la Libre, dit « Après avoir été membre de la NV-A, elle a choisi de rejoindre un parti d’extrême droite qui défend des idées racistes. Mais en Flandre, on ne l’a jamais considérée comme une Vlaams Blok pure et dure. Elle était nationaliste, mais pour les Flamands, cela ne veut pas automatiquement dire que l’on est d’extrême droite et fasciste2. C’est peut être quelque chose que l’on n’a pas très bien compris du côté francophone où l’on a tendance à condamner tout qui s’affiche flamingant. Mon interprétation personnelle est qu’elle a eu l’illusion qu’elle pourrait changer ce parti. Elle a essayé d’introduire des valeurs plus féminines dans ce parti qui est très machiste, qui a une culture basée sur le droit du plus fort. » Positionnement intéressant : je quitte un parti nationaliste pour un autre ouvertement raciste… parce que je veux le changer. Amusante démarche. N’est pas Gianfranco Fini qui veut. Demain, je pars au FN pour le changer. J’appartiens à un parti, mais je n’en suis pas. Le Vlaams Belang n’est pas un parti d’enfants de chœur. Il a beau avoir changé de nom, je ne crois pas qu’il ait guère évolué depuis les reportages de Jean-Claude Defosse, il y a quelques années. Pour exprimer son nationalisme, il y a suffisamment de partis ou de chapelles en Flandre pour l’exprimer, pour ne pas devoir adhérer au plus raciste de tous. Soyons sérieux.
« De Standaard qui qualifie la politicienne de «bimbo blonde» explique comment l’enterrement « floute » les différends entre les partis. [...] Le journal flamand parle également des excuses de la RTBF pour leur reportage sur la politicienne d’extrême droite. « Le ton du reportage démontre bien à quel point certains médias francophones ne savent pas gérer les éléments de politique d’extrême droite », juge de Standaard. »3 Mais qu’est-ce que gérer ces éléments de politique d’extrême droite quand le quotidien populaire flamand Het Laatste Nieuws y consacre une pleine page.
Est-il exagéré de se référer à la banalité du mal d'Hannah Arendt ? Petit à petit, les barrières se délitent. Elles ne se brisent pas, elles fondent et l’on considère que les idées véhiculées par ces gens-là deviennent acceptables. Ecrire cela veut-il signifier que je considère tous les Flamands comme racistes. Stupide ! Loin de là. Et certainement pas ma petite femme. Mais cette banalité court à travers l’Europe, en Wallonie. Quand un Ministre de la République française non seulement se fait condamner pour injure raciste, mais en plus ne démissionne pas, cela me laisse un goût amer. Quand des partis ouvertement xénophobes prennent le pouvoir, je me demande où s’en vont les « valeurs chrétiennes » censées représenter l’Europe. Tout cela est donc loin d’être le monopole de la Flandre. Mais ce qui change de région en région est peut-être la complaisance de certaines élites ou de certains medias pour ces idées, la simple remise en perspective d’idées nauséabondes pour les démonter.
Le racisme ne peut être une idée défendable. Il a conduit aux pires épisodes de l’histoire et n’en déplaise à certains… si j’ai à conserver l’image d’un défunt, j’aurais tendance à me souvenir de son positionnement sur le racisme plutôt que de sa capacité à lutter contre la maladie.
Denis Marion
Entrepreneur sans but lucratif,
Lisez également Le dernier samedi de MRM où Yves Wellens traite du même sujet, sous un angle différent,
Autres sources :
- Les funérailles de Morel suscitent la polémique
- L’adieu à Marie-Rose Morel, ou le nationalisme émotionnel
1 « De Tijd, sur son site web, se focalise sur les médias francophones. « Le rapport RTBF sur l’enterrement Morel échauffe les tensions » titre-t-il. Les francophones ne comprennent pas toute l’attention portée à cette « star d’extrême droite », en Flandre on réagit avec « horreur » sur les propos de la RTBF. Le site web du journal n’oublie pas d’émettre que le numéro 1 du Vlaams-Belang n’avait pas été invité à l’enterrement et que Morel avait des différends avec le parti peu avant sa mort. »
Revue de presse du Soir intitulée « On ne peut pas tomber plus bas »
2Le VB est-il fasciste au sens premier ? Je pense qu’il lui manque le faux-nez du corporatisme et du social de droite. Il est conservateur quant à la place de la femme ou des syndicats, semble très néolibéral dans ses « visions économiques »
3 Revue de presse du Soir intitulée « On ne peut pas tomber plus bas »