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Air chaud et jambes épilées.

• Mercredi 07/07/2010 • Version imprimable

A Beauvechain, 60.000 gugusses ont passé leur week-end, à observer des bourrins faire des culbutes plutôt que de s’envoyer en l’air, 40.000 de moins que prévu. Mais même à 100.000, cela ferait un peu trop de CO² lâché dans l’air par tête de pipe. L’Air Show ne se sent pas concerné par sa pollution manifeste et ce n’est pas les ho et les ha de l’assistance qui compensent les émissions de gaz à effet de serre. Le Tour du Flanc, c’est le même. Treize cents bagnoles pour quelques cyclistes, cela fait cher en pollution le coup de pédale[1] et la minute de spectacle. Ne parlons pas des coupes de foot et des championnats de F1. Le pétrole se perd dans les océans et se gaspille dans l’air…
Qu’importe ! Dehors les rabat-joie. Nous nous amusons, c’est bien notre droit. Brulons l’or noir jusqu’à sa dernière goutte.
 
Mais la dernière goutte est peut-être bien plus proche que nous pensons. Même les huiles du Pentagone américain s’inquiètent.
Un rapport préparé par le haut commandement unifié des forces étasuniennes, publié par le Guardian de Londres la semaine dernière, conclut que la planète aura dépassé le «pic pétrolier» d'ici deux ou trois ans, ce qui va engendrer une pression sur les prix. Ceux-ci devraient se stabiliser autour de 100 $ le baril. Selon ce rapport, l'essentiel de la pression sur la demande proviendra de pays comme la Chine et l'Inde.
Le Pentagone estime que le ralentissement de la production mondiale frappera surtout les pays dont l'économie est fragile, ce qui risque d'exacerber les tensions politiques actuelles et de frapper durement l'économie de la Chine et de l'Inde.
L'Agence internationale de l'énergie ne partage pas le point de vue pessimiste des militaires et ne voit poindre aucune pénurie avant 2030. Mais cette évaluation ne ferait pas consensus au sein de cette organisation.
Les militaires étasuniens sont les plus gros consommateurs uniques de pétrole dans le monde. En 2008, ils ont acheté pour 16 milliards de dollars de produits pétroliers. Leur consommation moyenne atteint 300 000 barils par jour, ce qui en fait l'armée la plus énergivore de la planète, au point que certaines études y voient son principal talon d'Achille à moyen terme.[2]
 
Si les militaires s’inquiètent, c’est moins pour la planète que pour leur position. Le constat est néanmoins là.
 
D’aucuns diront que la raréfaction du pétrole conduira à une diminution des émissions de gaz à effets de serre. Tout cela sera alors résolu. Truisme !
Quand nous aurons brûlé les dernières gouttes, le climat sera sans doute cul par-dessus de tête. Et insuffisamment préparé, nous ne pourrons pas faire face aux réalités énergétiques et climatiques.
 
Il faut que la transition vers une société moins polluante et moins énergivore se fasse. A tous les niveaux. Ce n’est pas parce que le Pentagone a obtenu que ses activités, guerre et paix confondues, ne soient pas comptabilisées dans les quotas de CO² attribués aux Etats-Unis[3]n’empêche 22 gars et leurs supporters de bien s’amuser sur une prairie voisine et pour les exhibitionnistes du mollet de se produire sans les relents sonores d’une marque de montre.
 
Ce n’est pas parce que l’on fait autrement que cela n’est pas amusant.
 
Denis Marion
Entrepreneur sans but lucratif.
 
PS. J’ai perdu ma casquette « Rik Van Looy » lors de la flèche wallonne de 1968. Quelqu’un l’aurait-il retrouvée ?